Le cartel

Consubstantiel à la fondation de l’École par Lacan, le dispositif privilégié d’étude de la psychanalyse est le cartel. De par sa structure – petit groupe de 4+1 qui se forme pour une durée limitée –, il est le lieu où un savoir psychanalytique théorique, clinique ou politique s’élabore, mettant chacun au travail.

Quand Lacan fonde son École en 1964, il invente le dispositif du cartel qui en constitue l’organe de base et l’un des socles de la formation du psychanalyste : « pour l’exécution du travail, indique-t-il, nous adopterons le principe d’une élaboration soutenue dans un petit groupe, chacun d’eux se composera de trois personnes au moins, de cinq au plus, quatre est la juste mesure. Plus-une, chargée de la sélection, de la discussion et de l’issue à réserver au travail de chacun » (« Acte de fondation1Lacan J., « Acte de fondation », 1964, Autre écrits, Paris, Seuil, Coll. Le Champ Freudien, 2001.»). À sa suite, l’École de la Cause freudienne promeut et soutient le travail en cartel, qui s’avère un outil précieux et unique pour l’étude de la psychanalyse et en particulier de l’enseignement de Lacan, en l’articulant au désir de savoir de chaque cartellisant. Chacun peut, à l’occasion, mettre à ciel ouvert, telle ou telle crise de travail afin qu’elle trouve sa résolution.

L’élaboration d’un savoir vivant

Le cartel est une invention concrète et vivante : il est formé par 4 + 1 personnes qui s’engagent en y mettant chacune du sien, à partir de leur désir de lire un texte, d’explorer une thématique clinique ou de pratique psychanalytique, ou encore d’élucider les phénomènes du discours contemporain à l’aide des concepts lacaniens.

Le vœu de Lacan est de créer les conditions susceptibles de provoquer comme telle l’élaboration d’un savoir. Il propose cette configuration en petit groupe favorable à maintenir la valeur opératoire d’une place vide. En effet, dans le cartel, pas de maître détenant un savoir acquis par avance, pas non plus de disciple passif, mais bien plutôt un ensemble éphémère où chacun se retrousse les manches, en quête d’un bout de savoir nouveau.

Donner un vecteur au désir de savoir

Le cartel parie sur les effets d’élaboration de l’énigmatique désir de savoir de chaque cartellisant. Le transfert de travail qui se met en place dans le cartel vise à le mobiliser au moyen de deux caractéristiques du dispositif qui donnent au désir de savoir un vecteur et provoquent l’élaboration : la nécessité pour chaque cartellisant de formuler sa propre question au sein de l’objet de travail défini en commun dans le cartel, et celle d’avoir à en réaliser un produit. Ce produit de travail peut s’incarner concrètement dans la rédaction d’un texte ou l’organisation d’un temps d’étude public, mais s’effectue tout aussi bien dans la saisie d’un concept psychanalytique, d’une notion clinique, d’une inflexion logique de l’enseignement de Lacan ou de tout autre savoir ou trouvaille ayant un effet de formation. Encadrés par la production de ce savoir nouveau, les points de butée rencontrés lors du cartel peuvent alors devenir autant de points de repères pour des travaux à venir.

La fonction plus-une

Pour être opératoire, la structure minimale du cartel implique la mise en fonction d’un plus-un, choisi par les autres membres du cartel. S’il suscite un transfert du fait de cette élection, il doit néanmoins se garder d’occuper la place d’enseignant, ou celle de sujet supposé savoir qu’incarne le psychanalyste dans la cure. Au même titre que les autres membres du cartel, le +1 est mis au travail de sa question, sa position visant de surcroît à soutenir le mouvement de travail en décomplétant le groupe de ses effets imaginaires tout en maintenant active chez chacun la cause qui fait du savoir une énigme et en suscitant un désir d’y répondre. Le +1 soutient également le style de déchiffrage de chaque cartellisant.

Le dispositif du cartel à l’École de la Cause freudienne

Les cartels déclarés à l’ECF sont regroupés au sein d’un catalogue consultable en ligne qui témoigne de la richesse et de la variété des thèmes mis au travail dans un transfert vers l’École. Inscrire son cartel auprès de l’ECF relève du désir et de ce transfert de travail : il n’est pas nécessaire pour ce faire d’être membre de l’École. Des journées et des soirées des cartels sont régulièrement organisées ; vous pouvez les trouver dans l’agenda.

Les cartels de l’ECF ont une durée d’un an, renouvelable une fois si besoin. Cette limitation vise à contrer les effets de colle propre au groupe afin qu’il poursuive son but épistémique. Il est également possible de constituer un « cartel fulgurant », qui cible un objectif de travail express, à l’occasion d’un évènement particulier : journée ou soirée d’étude, travail d’un thème mis en avant, tache particulière à réaliser au sein de l’École, etc.

Actualité du cartel

Plus d’un demi-siècle après son invention par Lacan, le cartel garde intactes son opérativité et sa subversion : il prouve sans cesse son efficace, permettant de découvrir l’étude de la psychanalyse, de la redécouvrir et de transmettre ce qui fait boussole de l’enseignement de Lacan dans la pratique et la lecture de notre époque. C’est un lieu et un lien ajusté à la logique du discours analytique, où s’élaborent autant de lectures qu’il y aura de lecteurs, qui, « psychanalystes ou non, s’intéressent à la psychanalyse en acte2Ibid., p. 240.».


 

 

 

 

L’agenda des cartels

ECF
02 décembre 2023   | Visioconférence
Cartels
27 janvier 2024   | Nancy

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Commission des cartels

2024-2025

commission des cartels
Valeria Sommer-Dupont (responsable)
avec les membres de la commission des cartels: Romain Aubé, Sarah Benisty, Valérie Bussières, Paula Galhardo Cépil, Isabelle Orrado, Laura Vigué

Bulletin Cartello
Anaëlle Lebovits-Quenehen, directrice de la publication
Valeria Sommer-Dupont, responsable éditoriale