La cure

À l’origine de la cure psychanalytique est le dispositif de parole inventé par Freud pour traiter des patients qui souffrent de leur corps ou de leurs pensées. Invités à parler librement de leurs symptômes, certains sujets produisent, dans un singulier mode de dire, des énoncés ayant des effets sur les symptômes.



Mais au commencement de la cure est aussi le transfert. De la situation de départ, où sont réunis en présence l’analyste et l’analysant, une cure ne s’engage que si le sujet supposé savoir entre en fonction. L’analysant porte sa question auprès d’un analyste, choisi entre les autres. Il s’agit que ce dernier ne fasse pas obstacle à l’expérience analytique.

Confrontés à ce qui résiste au déchiffrage, à savoir la part d’incurabilité du symptôme, nombreux furent les élèves de Freud à s’être détournés de l’expérience freudienne inaugurale, avant que Jacques Lacan ne remette l’inconscient et les fonctions de la parole au centre de cette expérience.

L’analyste averti par sa propre cure et guidé par le contrôle n’use ni de la suggestion, ni de la direction de conscience, ni des effets d’identification. Il se prête aux semblants du transfert par lesquels l’analysant le fait détenteur d’une part perdue de lui-même. Il rend possible pour l’analysant, par l’interprétation et l’acte, la lecture inédite d’éléments inconscients et la révélation de vérités, le desserrage des identifications et le repérage du scenario fantasmatique dont il souffre.

Lacan en est venu, au cours de son enseignement, à interroger le statut de la parole et de la vérité. Quelque chose se satisfait dans la parole elle-même, le sens et la vérité sont aussi des moyens de jouissance, et en cela la cure analytique peut devenir un nouveau mode de jouir de l’inconscient – ce qui rend problématique la fin de l’expérience. Il s’agit dès lors de dégager l’os de la cure, le versant réel du symptôme, seul moyen de penser en raison un terme de l’expérience.

À l’issue de ces mouvements de traduction et de réduction, la cure lacanienne peut permettre à l’analysant la trouvaille d’une solution sur mesure, d’un savoir-faire inédit et satisfaisant avec le reste de ce qui a été son symptôme. L’analysant, au terme de sa cure, peut vouloir en témoigner auprès de l’École via la procédure de la passe.