Cartello, 43

Enthousiasme

11/07/2023
Dominique Corpelet

La commission des cartels a souhaité consacrer ce nouveau numéro de Cartello au nouage du cartel avec l’École. Le titre, « Vers l’École », l’indique : le cartel est vers l’école. Comment l’entendre ?

Après avoir été exclu de l’IPA, Lacan a fondé son École en 1964. Il ne voulait pas qu’elle soit association ou société, mais École. Qu’attendre d’une école, sinon qu’elle soit le lieu d’une transmission et d’un travail ?

Lacan voulait une école au travail. L’Acte de fondation porte la marque de ce désir : il est traversé d’outre en outre par ce signifiant de travail. Lacan voulait que les membres rejoignant son école le soient au titre de membres au travail, et qu’ils soient travaillés par le discours analytique.

Pour ce faire, il invente un mode, le cartel, dont il définit les principes de fonctionnement. Petit groupe de 4 plus un, le cartel est voué à un terme défini d’avance. Il dure un an, voire deux, puis ses membres permutent dans d’autres cartels. Le cartel n’est donc pas un groupe, ni une association, mais une entité articulée à une finitude. Et dans le même temps, la logique de décomplétude qui le définit préserve la place d’un trou.

Le cartel est le lieu d’une élaboration collective et d’un produit propre à chacun. En 1964, Lacan avait imaginé que l’on entre dans son École par le cartel. C’est dire combien ces deux termes, cartel/école, sont intimement, et logiquement, noués.

Le cartel est une façon d’inscrire son travail dans l’école, qu’on en soit membre ou non. Les quatre textes le démontrent.

Virginia Rajkumar convoque la logique des ensembles et de l’intersection pour transmettre ce que fut son propre engagement, vous le verrez, d’un école à l’autre.

Soledad Peñafiel souligne que le cartel est une forme propice de mise au travail du savoir analytique, lequel ne relève d’aucun universel.

Laure Vessayre témoigne de ce que sa rencontre avec l’École s’est faite par le cartel.

Dominique Szulzynger parle quant à elle de la solitude et de son destin dans le cartel.

Chacun de ces quatre textes est marqué d’un enthousiasme certain. Le mot s’est imposé à moi après les avoir lus. Cet affect pointe le souffle vivant qui traverse cette forme de travail, lorsque chacun y va de sa question et de son manque.

Dominique Corpelet est psychanalyste, membre de l’ECF et de l’AMP.