En 2022, Question d’École aborde deux thèmes distincts, mais pas sans rapport. Le matin : « La passe et l’interprétation de l’École ». Et l’après-midi, autour d’un dit de Lacan : « Tout le monde est fou », afin d’explorer la dépathologisation de la clinique.
Une question commune au matin et à l’après-midi se dessine : que deviennent les solides de la structure ?
« Tout le monde est fou »
La dépathologisation de la clinique
J.-A. Miller soulignait récemment1Miller J.-A., « Conversation d’actualité avec l’École espagnole du Champ freudien », La Cause du désir, n° 108, juillet 2021, p. 37 & sq. la puissance du phénomène, indiquant que la substitution d’un sujet de droit au sujet de l’inconscient menace l’interprétation, et nous invitant à explorer ce champ de réflexion et de travail.
Prendre au sérieux l’énoncé de Lacan permet de suivre un triple fil dans l’enseignement de Lacan. Celui de la folie d’abord, terme du début de son enseignement qui reste présent jusqu’à la fin, dans les questions qu’il pose avec Joyce. Il excède celui de « psychose » et subvertit la distinction entre cette dernière et la névrose. À la question Qu’est-ce qu’un fou ?, Lacan répond : Quelqu’un de parfaitement normal. Mais alors, Comment peut-on n’être pas fou ?2Miller J.-A., « Enseignements de la présentation de malades », La Conversation d’Arcachon, Paris, Agalma, 1997, p. 285-304. Comment se répercute cette conception de la folie dans nos pratiques ? Vient ensuite, le fil d’une conception renouvelée du langage centrée sur deux questions : comment toucher au réel avec des mots ? Comment faire avec le langage et sa pente spontanée au délire ? Une perspective se dessine si l’on distingue délire, débilité et duperie. Troisième fil, enfin : le discours analytique participe à sa façon à une dépathologisation ; dès lors, comment joue-t-elle sa partie avec les nouvelles formes de ségrégation ?
J.-A. Miller dit que cet énoncé est comme un condensé du tout dernier enseignement de Lacan3Miller J.-A., « L’orientation lacanienne. Tout le monde est fou », enseignement prononcé dans le cadre du département de psychanalyse de l’université Paris 8, cours des 12 mars & 28 mai 2008, inédit.. La folie, entre semblant et réel, se lit sur fond d’une « psychanalyse liquide » qu’il introduit dans ce cours.
Programme de l’après-midi
14h30-15h30. Sur les dépathologisations
Présidente Anaëlle Lebovits-Quenehen
Ligia Gorini : La dépathologisation. Quelques remarques
Carole Dewambrechies-La Sagna : Discerner / évaluer
Francesca Biagi-Chai : La dépathologisation lacanienne et l’autre
15h30-16h30. Qu’entend-on par singularité ?
Présidente : Agnès Aflalo
Philippe De Georges : L’ornithorynque et la psychanalyse
Guilaine Guilaumé : Plaidoyer pour la différence absolue
Christiane Alberti : L’enfance, berceau de la démocratie
16h30-17h30. Folie scientiste
Présidente : Angèle Terrier
Hervé Castanet : La thèse neuro – pathologisation généralisée et démocratie sanitaire
Sylvie Goumet : À chacun sa folie
Philippe La Sagna : Dépathologiser ou démédicaliser, la forclusion du symptôme
17h30. Ponctuations
Anaëlle Lebovits-Quenehen & Éric Zuliani
Matin
La passe et l’interprétation de l’École
- 1Miller J.-A., « Conversation d’actualité avec l’École espagnole du Champ freudien », La Cause du désir, n° 108, juillet 2021, p. 37 & sq.
- 2Miller J.-A., « Enseignements de la présentation de malades », La Conversation d’Arcachon, Paris, Agalma, 1997, p. 285-304.
- 3Miller J.-A., « L’orientation lacanienne. Tout le monde est fou », enseignement prononcé dans le cadre du département de psychanalyse de l’université Paris 8, cours des 12 mars & 28 mai 2008, inédit.
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