« La fonction du psychanalyste, ça ne va pas de soi1Lacan J., Mon enseignement, Paris, Seuil, 2010, p. 13.» : ce constat a conduit Lacan à l’entreprise colossale, soutenue envers et contre tout pendant une trentaine d’années, que nous connaissons comme son Séminaire. Les dérives postfreudiennes émoussaient le fil tranchant de la découverte de Freud. Lacan a ré-aiguisé ce fil en revenant aux textes de celui-ci et en renouvelant leur sens. Ce faisant, il a fini par réinventer la psychanalyse.
Dans son Séminaire, Lacan s’adresse aux psychanalystes. Il les invite à élaborer le savoir qu’ils obtiennent de leur expérience. Pour sa part, Lacan n’a pas cédé sur son Je n’en veux rien savoir, ni refusé de payer le prix que doit acquitter quiconque fraie cette voie. Ainsi, la lecture des Séminaires nous confronte à une épreuve : celle de prendre en charge à notre tour la réinvention de la psychanalyse, propre à chacun.
Le Séminaire ouvrant l’ère de l’au-delà de l’Œdipe, nulle possibilité pour les psychanalystes d’être à la hauteur des enjeux de notre époque sans s’accrocher à « la mise en question la plus méditée, la plus lucide, la plus intrépide, de l’art sans pareil que Freud inventa2Miller J.-A., « Quatrième de couverture » in Lacan J., Le Séminaire, livre xxiii, Le Sinthome, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 2005.», celle de Lacan.
Adriana Campos et Jacques-Alain Miller
