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Rire

J.-A. Miller, D. Gutermann-Jacquet (dir), Ornicar ?, n°59
Références
Ornicar ?, n°59
Rire
J.-A. Miller, D. Gutermann-Jacquet (dir)
Éditeur
Navarin éditeur
Pages
208
Année
2024
prix
18 €
  •  

    Gai bavardage – Deborah Gutermann-Jacquet

    RIRE

    Rire homérique – Florence Dupont
    Lucien – Romain Brethes
    Rabelais – Romain Menini
    Don Quichotte – Miquel Bassols
    Shakespeare – Jean-Michel Déprats
    Rires libertins – Michel Delon
    James Gillray – Pascal Dupuy
    À l’opéra – Dorian Astor
    Famillionär – Jean-Pierre Lefebvre
    Gogol –Éric Laurent
    Dostoïevski – Hélène Henry-Safier
    Nietzsche – Guillaume Métayer
    Feydeau – Anne-Lise Heimburger
    Courteline – Patrick Besnier
    P. G. Wodehouse – France Jaigu
    Kafka – Nathalie Georges-Lambrichs
    Mangeclous – Alain Schaffner
    Sartre – François Noudelmann
    Bataille – Yue Zhuo
    Queneau – Philippe Hellebois
    Thomas Bernhard Jérôme Lecaux
    Italo Calvino – Marco Focchi
    L’humour juif – Gil Caroz
    Au cinéma – Olivier Assayas
    Vicissitudes du valet – Jacques-Alain Miller 

    ARCHIVES
    Deux séances de Roland Barthes chez le Dr Lacan

    MISCELLANÉES
    Jacques-Alain Miller – Laura Sokolowsky – Alice Delarue

     

  • « La vie n’est pas tragique. Elle est comique. », Jacques Lacan. Cet inattendu a ouvert la voie d’Ornicar ? 59 dédié au rire. Telle serait une conclusion que chaque analysant peut tirer de l’expérience analytique, allégé de quelques drames qui ont trouvé à s’exprimer, s’éclairer, se répéter jusqu’à s’user, pour enfin s’effacer. Les larmes de l’enfance ayant valeur d’éternité s’assèchent. Le passé se fait moins douloureux d’être intégré à l’histoire. Un ciel d’orage laisse place enfin à l’éclair du Witz ou à un éclat de rire.

    Lacan époussette la tradition comme l’allure funèbre. Pourquoi Freud a-t-il eu recours à la tragédie fondatrice d’Œdipe pour donner ses assises à la psychanalyse ? Le fond n’est-il pas plutôt tissé de la comédie des sexes, synthétisable dans la destinée du phallus bouffon, érigé pour toujours retomber ? Lacan ne vise pas seulement ici l’image ou le symbole qui, derrière l’organe, est toujours en jeu dans le rire. Jouant sur les mots et sur l’équivoque qui à l’occasion produit un mot d’esprit, Lacan évoque la peau dure de l’imaginaire qui s’« exfolie 1 » d’être réduit au fantasme – sexe-folie, ajoute-t-il, dans une pointe qui réduit le phallus à un délire et la cure à un bon nettoyage.

    Qu’est-ce qui fait rire, amuse, provoque ce mouvement irrépressible, contingent, bizarre, qui lui-même procure du plaisir, mais peut aussi signer la gêne ? Du plaisir du jeu de mots à l’effet de poésie, les auteurs de ce numéro ont mis le rire à l’épreuve de l’écriture, à travers le temps, la littérature, l’opéra, la caricature, la philosophie, ou encore le théâtre.

    Dans la galerie des personnages d’Ornicar ? 59, sérieux ou burlesques, une place de choix est accordée à l’un d’entre eux, au cœur de l’humaine comédie : le valet. À lui seul, il pourrait illustrer ce qui, dans une variante de la dialectique du maître et de l’esclave, fait passer le tragique au comique. C’est ce qu’explore Jacques-Alain Miller dans une leçon inédite.

    Deborah Gutermann-Jacquet