-
Éditorial
Malades malgré eux – Virginie Leblanc-RoïcCe qui s’entend dans ce qui se voit
Clinique médicale / Clinique psychanalytique – François Leguil
In Silico : le corps pris dans l’imagerie médicale – Catherine Lacaze-Paule
La coupure digne – Élise Etchamendy
Les maladies de la clinique – Xavier LeguilRencontre avec Didier Sicard
« Plus on parle du soin, plus il disparaît »Du refus de savoir au transfert incarné
Déclin d’un homme de prestige – Guy Briole
Médecine et psychanalyse. L’orientation lacanienne hier et aujourd’hui – Sarah Benisty
Retard diagnostique et temps de savoir – Laura Vigué
S’autoriser, en médecine – Emmanuelle Borgnis DesbordesDemande ou désir de mort
Une mort prescrite – François Ansermet
Euthanasie pour souffrance psychique insupportable – Geert Hoornaert
Le vivant, un tournant dans la fonction du médecin – Caroline Doucet
Mourir au xxie siècle. Place du suicide et de ses équivalents chez la personne âgée – Georges Jovelet
« The pleasure-dome » – Cyrus Saint Amand PoliakoffUrgences chiffrées
Les maladies de l’hôpital – Marie Laurent
Jouir d’un droit n’est pas chose aisée – Cécile El Maghrabi Garrido
La violence contre les médecins : un symptôme de la médecine – Araceli Teixidó
Les ratages de la psychiatrie contemporaine – Roberto Cavasola
Politique psy : MonPsy et l’âne à liste – Agathe SultanRencontre avec Stéphane Velut
La médecine face au parasite d’une nouvelle langueLingua Administratus Imperii
L’éducation thérapeutique du patient : les enjeux d’une démédicalisation du soin – Vanessa Sudreau
La dépathologisation dans tous ses états – Patricia Loubet
La psychiatrie et « Mister Google » – Pierre-Ludovic Lavoine
Zone de guerre – Marion EvinMi-lire
« Chérissez votre propre désir ». À propos de Mental et Professeur Yamamoto part à la retraite, de Kazuhiro Soda – Ariane Chottin
Fou c’est le bon mot mais uniquement au singulier – Marie-Christine Bruyère
« Guérir » par l’invention d’une écriture permettant « un singulier bonheur » – Philippe Lacadée
Lecture de Neurologie versus psychanalyse, de Hervé Castanet – Dominique Corpelet
Les nouveaux guérisseurs – Sylvie Berkane Goumet
S’orienter avec les Premiers écrits de Lacan – Mauricio Diament -
« Qui témoigne pour le témoin ?1Libre traduction d’un vers de Paul Celan par Yannick Haenel placée à l’ouverture de son roman, Jan Karski, Paris, Gallimard, 2009.», s’interrogeait Paul Celan hanté par la Shoah. Qui, pour soigner les maladies de la médecine et de ses praticiens ? Et est-ce vraiment la place, sinon la fonction de celles et ceux qui exercent la psychanalyse ?
C’est toute l’actualité de cette question qui fit l’objet, en 1966, d’une table ronde sur « La place la psychanalyse dans la médecine ». Il est urgent de s’enseigner aujourd’hui de ce que Jacques Lacan y pointa avec tant d’acuité. D’abord en dévoilant à quel point la médecine est entrée dans « sa phase scientifique2Lacan J., Le Bloc-notes de la psychanalyse, n°7, 1987, p. 19, publié initialement dans Les Cahiers du Collège de médecine, no 12, 1966.», confrontant ses praticiens à la question de leur « productivité3Ibid., p. 27.», « requis dans la fonction du savant physiologiste ». Ensuite en interrogeant la brûlante question de la demande du patient et de son empan : « Où est la limite où le médecin doit agir et à quoi doit-il répondre?4Ibid., p. 20. » Comment peut-il, de nos jours, résister à ce tiraillement qui vire parfois à l’écartèlement entre l’attente d’efficacité de patients de plus en plus informés, d’une part, et l’exigence de rentabilité économique, d’autre part ? Quand ce n’est pas purement et simplement la tentation de se laisser emporter par les sirènes d’une médecine bornée à ses preuves, ses résultats biologiques, jusqu’à sa plus extrême réduction organique ou neurologique ?
Ce numéro s’attachera à montrer combien la psychanalyse a plus que jamais sa place dans la pratique de la médecine, non en position de savoir surplombant, mais bien en ce que l’analyste, qui sait le poids des mots et leurs effets physiques peut contribuer de bien des façons et dans bien des lieux d’exercice à garantir la préservation d’un écart, qui se réduit parfois à d’humbles interstices où venir loger des mots qui portent, dans leur percussion toujours singulière, mais vibrant pour chaque un de l’impossible qui nous échoit d’être parlants, et qu’il s’agit de supporter.
- 1Libre traduction d’un vers de Paul Celan par Yannick Haenel placée à l’ouverture de son roman, Jan Karski, Paris, Gallimard, 2009.
- 2Lacan J., Le Bloc-notes de la psychanalyse, n°7, 1987, p. 19, publié initialement dans Les Cahiers du Collège de médecine, no 12, 1966.
- 3Ibid., p. 27.
- 4Ibid., p. 20.