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Il n’y a pas de mot pour le dire

Collectif, Quarto, n°128
Références
Quarto, n°128
Il n’y a pas de mot pour le dire
Collectif
Éditeur
École de la Cause freudienne
Année
2021
prix
18 €
  • Éditorial
    Monique Kusnierek

    Le fake ­– Question d’École 2021
    Introduction – Laurent Dupont
    D’un discours qui contre le fake – Anaëlle Lebovits-Quenehen
    Échanges avec Éric Zuliani
    « Faire vrai » – Victoria Horne Reinoso
    Échanges avec Guy Briole
    Parler à l’heure du fake – Francesca Biagi-Chai
    Échanges avec Angèle Terrier
    Décolle-ment ? – Guy Poblome
    Échanges avec Lilia Mahjoub
    Duplicité, leurre, tromperie – de qui se moque-t-on ? – Yves Vanderveken
    Échanges avec Pascale Fari
    Un vaccin contre les illusions ? – Hervé Damase
    Échanges avec Laurent Dumoulin
    Fake en trois dimentions – Marie-Hélène Brousse
    Échanges avec Alexandre Stevens
    L’éthique de la non-intention – Gil Caroz
    Échanges avec Caroline Leduc
    Une vérité sans fard – Bernard Lecœur
    Échanges avec Carole Dewambrechies-La Sagna
    « Que la vérité se spécifie d’être poétique » – Myriam Chérel
    Échanges avec Anna Aromí
    Un trop grand amour de la vérité – Catherine Lazarus-Matet
    Échanges avec Alice Delarue
    Un souffle qui vivifie – Dominique Jammet
    Échanges avec Pierre-Gilles Guéguen
    Pour une éthique de la vérité – Damien Guyonnet
    Échanges avec Omaïra Meseguer
    De la recherche de la vérité aux événements de corps indexant le réel en jeu – Marie-Claude Sureau
    Échanges avec Angelina Harari
    « Matériel-ne-ment » – Sophie Gayard
    Échanges avec Jacqueline Dhéret
    Parler, et dire le faux sur le vrai – Éric Laurent
    Échanges avec Christiane Alberti

    Lorsque le rêve ne prête plus à l’interprétation – Soirée de la passe
    « Le monde n’est qu’un rêve de chaque corps » – Véronique Voruz
    Défaire les nœuds de mon destin – Clotilde Leguil
    Des rêves instruments du réveil – Myriam Chérel
    Battement et palpitation – Sophie Gayard
    Le nœud des rêves entre fin d’analyse et passe – Victoria Horne Reinoso
    Discussion générale

    Retour sur la traversée du fantasme et le désir de l’analyste
    La question de la traversée du fantasme – Jean-Marc Josson
    Le désir de l’analyste : « un désir inédit » ? – Philippe Stasse 

    Écriture ◊ jouissance
    Conférence à Bruxelles – Éric Laurent 

  • On choisit, pense-t-on, de parler la langue que l’on parle. « En fait, on ne fait que s’imaginer la choisir. […] c’est que cette langue, en fin de compte, on la crée. […] On crée une langue pour autant qu’à tout instant on lui donne un sens, […] un petit coup de pouce, sans quoi la langue ne serait pas vivante.1Lacan J., Le Séminaire, livre xxiii, Le sinthome, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 2005, p. 133. » Ce petit coup de pouce, qui force un mot à signifier un peu autre chose que d’habitude, parce qu’il rend la langue vivante, est bel et bien réel2Cf. Laurent É., « Écriture ◊ Jouissance », Quarto, n°128, p.102 ; Miller J.-A.,  « “De l’inconscient au réel” : une interprétation », Quarto, n°91, p.64..

    Dans la rencontre contingente avec la jouissance, chacun fait l’épreuve qu’il n’y a pas de mot pour le dire. Il lui faudra forcer la langue commune, lui donner un petit coup de pouce pour qu’elle accueille la trace de ce qui a eu lieu. La lettre est le mémorial de l’impossible à dire ce qui a lieu dans la rencontre avec la jouissance. Elle note le trou, la rature, elle désigne la trace d’une absence de signification. Elle note aussi le savoir qui s’en dépose, une fois recueillis et sériés les achoppements de la parole dans une psychanalyse. Nous renvoyons à ce propos à cette très éclairante Conférence d’Éric Laurent et à sa discussion que nous publions en fin de ce numéro (p.101-110).

    En début de publication, nous reprenons l’ensemble des interventions, et leur discussion, à la dernière Question d’École sur lefake [4]. Laurent Dupont annonçait dans son argument préparatoire qu’il y serait question du statut de la vérité et de ses paradoxes à l’heure du fake (p. 9-71.).

    Je dis toujours la vérité : pas toute, parce que toute la dire, on n’y arrive pas. La dire toute, c’est impossible matériellement : les mots y manquent. C’est même par cet impossible que la vérité tient au réel.

     

    « La vérité tient au réel », dit Lacan, parce qu’elle achoppe à le dire. À faire sens, elle ne peut que mentir sur l’impossible à dire. Il reste que l’indicible, le hors-sens de la jouissance, insiste et se manifeste entre les lignes, il rompt la communication. C’est ce dont on fait l’épreuve dans une analyse.

    À l’opposé, le fake prétend dire toute la vérité, le vrai sur le vrai, sans reste. Il réduit la vérité à son énoncé tautologique, précise Laurent Dupont (p.14). Il procède de la sorte, dit Anaëlle Lebovits-Quenehen (p.15), d’une forclusion du réel. Voilà quelques perles prélevées de cette formidable Question d’École. Vous en découvrirez bien d’autres à la lecture.

    Sous ce titre, Lorsque le rêve ne prête plus à l’interprétation, nous reprenons une Soirée de la passe consacrée aux rêves de fin d’analyse. Et là, on ne peut que le constater : on ne cherche plus à donner sens aux rêves. On constate que les rêves constatent, et on s’en satisfait. Reste ensuite, pour en témoigner, à hystoriser ce qui s’est passé, non sans ce petit recul pris par rapport aux moires de la vérité.

    Enfin, deux textes de ce numéro font retour sur la traversée du fantasme et le désir de l’analyste. Ils procèdent à une étude minutieuse des textes de Lacan à ce propos, tout en prenant la perspective de de son dernier enseignement.

  • 1
    Lacan J., Le Séminaire, livre xxiii, Le sinthome, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 2005, p. 133.
  • 2
    Cf. Laurent É., « Écriture ◊ Jouissance », Quarto, n°128, p.102 ; Miller J.-A.,  « “De l’inconscient au réel” : une interprétation », Quarto, n°91, p.64.