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Entours du trou

Collectif, Quarto, n°130
Références
Quarto, n°130
Entours du trou
Collectif
Éditeur
École de la Cause freudienne
Pages
121
Année
2022
prix
18 €
  • Editorial
    Céline Aulit

    Le savoir psychanalytique à ciel ouvert
    Érotique et nouvel amour – Patrick Monribot

    Pas sans interprétation
    À lire – Laurent Dupont

    Etudes sur l’hystérie
    Hystérie, corps et féminité – Patricia Bosquin-Caroz

    La norme mâle
    Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la logique du tout – Damien Guyonnet

    Impasses de la norme mâle
    L’échappé de la norme mâle – Pénélope Fay
    Nathalie Crame, Nicolas Moyson, Pascal Docquiert

    Les mâles du siècle
    « Virilités toxiques ? » Modes de la violation – Clotilde Leguil
    Ainsi sont les hommes ! – Guy Briole
    Comment on se norme-mâle-ise – Philippe De Georges

    Couleurs d’hommes
    La norme mâle – Esthela Solano-Suárez
    Qu’adore une femme chez un homme ? – Alice Delarue
    L’homme et ses différentes fins – Philippe La Sagna

    Abords de la féminité
    L’Autre absolu – Alfredo Zenoni
    Vers La femme n’existe pasLaurent Dumoulin

    Questions d’identités
    Faire la différence – Anaëlle Lebovits-Quenehen
    Le phallus un concept has been ? – Éric Zuliani
    Euphorie du genre – Fabian Fajnwaks

    Entretien avec le Professeur Alain Malchair :
    Un accompagnement singulier des transidentités – ,C. Aulit, J.-P. Cornet et S. Wilkin

    Cabinet de lecture
    Un livre (a)dressé – Nathalie Georges-Lambrichs

  • Nous devons notre titre à Jacques-Alain Miller dans un texte où il délivre des indications précieuses sur la place du fantasme tout au long de l’expérience analytique et sa traversée. Comment viser dans l’analyse une épure du fantasme qui ouvre au sujet la possibilité de « palper les entours du trou que lui-même constitue1Miller J.-A., « Remarque sur la traversée du transfert », La Cause freudienne, n° 18, juin 1991, p. 18. » ?

    Si le langage est troumatique2Lacan J., Le Séminaire, livre XXI, « Les non-dupes errent », leçon du 19 février 1974, inédit., « c’est [pourtant bien] dans la rencontre des mots avec le corps que quelque chose se dessine3Lacan J., « Conférence à Genève sur le symptôme », La Cause du désir, n° 95, avril 2017, p. 12.». Le trou laissé par la percussion du signifiant trace un bord au corps qui sinon n’existe pas. Une série de signifiants s’enchaînant dans le meilleur des cas en un fantasme tentera de recouvrir ce « blanc fondamental4Laurent É., « L’inconscient et l’événement de corps », La Cause du désir, n° 91, novembre 2015, p. 25. » qui se rappellera sans relâche au sujet sous la forme de cette jouissance qui lui est propre. Ce ratage toujours au rendez-vous, Lacan lui donnera un contour dans cet aphorisme : Il n’y a pas de rapport sexuel.

    Les dernières journées de l’École de la Cause freudienne sous la direction de Damien Guyonnet et Aurélie Pfauwadel ont été l’occasion de questionner la « norme mâle », cette occurrence que Lacan a fait résonner avec « normal », c’est-à-dire une fiction qui procède au maintien d’un certain ordre auquel s’accrocher. Cette norme mâle consiste à promouvoir un pour tout x valable pour tous, censé amadouer la béance au cœur du sujet. Or, la jouissance propre à chacun fait voler cette uniformisation en éclats. Comme nous l’indique Philippe De Georges dans ce numéro, « la norme mâle apparaît à tous les coups comme un semblant. […] La question […] pour chacun est d’abord de faire tenir le corps ».

    Patricia Bosquin-Caroz, en reprenant le cas de Dora, retrace pas à pas la façon dont une femme hystérique se débrouille avec son corps en tentant de répondre au « vertige de l’être » auquel elle est confrontée par le corps de l’autre femme. Tentative vouée à l’échec chez Lol V. Stein qui finit par disparaître derrière cette autre femme. Ce manque de signifiant pour dire la femme, Lacan l’écrira dans cette formule percutante : La femme n’existe pas. C’est précisément le thème qui sera travaillé lors des Premières Grandes Assises virtuelles de l’Association Mondiale de Psychanalyse dont Laurent Dumoulin nous donne un avant-goût dans ce numéro : « Si la femme n’existe pas, le réel, lui, existe. […] L’inexistence du rapport sexuel dénude préjugés et sens commun, et confronte chacun à un trou. C’est ce trou qu’il est tentant de recouvrir du voile de la polémique ».

    Les possibilités de camoufler le trou pour ne rien vouloir en savoir sont donc infinies. Parmi ces possibilités, l’époque actuelle voit foisonner avec force moult opérations sur le corps propre. Lors de notre rencontre avec le pédopsychiatre Alain Malchair, coordinateur d’un centre d’accompagnement des transidentités, celui-ci pointait l’importance de prendre au sérieux les signifiants de l’époque car c’est à ne pas les considérer comme un effet de mode qu’une ouverture à l’altérité de la pensée ainsi qu’une réponse sur mesure pourront voir le jour. Lacan ne dit pas autre chose lorsque, dans son texte sur la sexualité féminine, il évoque « l’altérité du sexe5Lacan J., « Propos directifs pour un Congrès sur la sexualité féminine », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 732.».

  • 1
    Miller J.-A., « Remarque sur la traversée du transfert », La Cause freudienne, n° 18, juin 1991, p. 18.
  • 2
    Lacan J., Le Séminaire, livre XXI, « Les non-dupes errent », leçon du 19 février 1974, inédit.
  • 3
    Lacan J., « Conférence à Genève sur le symptôme », La Cause du désir, n° 95, avril 2017, p. 12.
  • 4
    Laurent É., « L’inconscient et l’événement de corps », La Cause du désir, n° 91, novembre 2015, p. 25.
  • 5
    Lacan J., « Propos directifs pour un Congrès sur la sexualité féminine », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 732.