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Commencements en analyse

Collectif, La Cause du désir, n°117
Références
La Cause du désir, n°117
Commencements en analyse
Collectif
Éditeur
Navarin éditeur
Pages
196
Année
2024
prix
16 €
France Jaigu
  • Éditorial
    Prendre le temps des commencements – France Jaigu

    L’orientation lacanienne
    Les aventures de la cause – Jacques-Alain Miller

    Commencements en analyse
    « Ma chère, c’est une mise à l’épreuve » – Esthela Solano-Suarez
    Relire aujourd’hui « Le début du traitement » de Sigmund Freud – Laurent Dupont
    Les entretiens préliminaires revisités – Yves Vanderveken
    Première épreuve – Sophie Gayard
    Préliminaires à toute entrée possible en analyse – Damien Guyonnet
    Commencement et logique de savoir – Hélène Bonnaud
    Le réel d’une histoire – Alice Delarue
    « J’ai décidé de vous faire une place en analyse » : de la recherche
    d’une cause à se faire à l’être qu’on est – Myriam Chérel
    Rêves de transfert – Isadora Escossia
    La demande de l’enfant – Angèle Terrier

    Clinique
    Écouter pas… tout – Sylvie Berkane Goumet
    Entretiens préliminaires – Isabelle Magne
    « Avoir du temps pour vivre » – Ariane Chottin
    Partir perdante – Nathalie Jaudel
    « Livre ! » l’impératif du verbe – Clotilde Leguil
    Consentir à l’analyse – Ricardo Schabelman

    États de la psychanalyse
    Recommencements à Berlin – Natalie Wülfing

    L’entretien
    « Ça va pas le faire ! » – Marie-Hélène Brousse

    Sur la passe
    Précarité et certitude de la fin – Véronique Pannetier
    Dé-mon-tré – Omaïra Meseguer

     Bibliothèque

     Thinking With Your Eyes
     Au commencement était L’Origine ? – Gérard Wajcman

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Prendre le temps des commencements

    La psychanalyse n’en est pas à ses commencements, elle n’a rien, comme le disait Lacan en 1967, d’un « nourrisson 1Lacan J., Le Séminaire, livre xv, L’Acte psychanalytique, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 2024, p. 17. ». Freud avait d’ailleurs pris la peine d’en rédiger solennellement (et rétrospectivement) l’acte de naissance, ouvrant son « Petit abrégé de psychanalyse » par cette déclaration : « La psychanalyse est pour ainsi dire née avec le xxème siècle ; la publication par laquelle elle se présente au monde comme quelque chose de nouveau, mon Interprétation du rêve, porte la date de 1900 2Freud S., « Petit abrégé de psychanalyse », Résultats, idées, problèmes, t. ii, 1921-1938, Paris, PUF, 1985, p. 97. ».

    En faisant coïncider la publication de la Traumdeutung avec le passage d’un siècle ancien à un autre, tout neuf, Freud nous l’indiquait donc d’emblée : la psychanalyse s’inaugure d’un acte. Ainsi, le candidat à l’analyse s’aperçoit-il que le fait de s’adresser à un analyste ne signifie pas pour autant que le travail a commencé. Il lui faut pour cela adopter l’énonciation analytique, consentir au fait que « ce que je dis, même si je ne le prends pas à mon compte, soit malgré tout versé à mon compte, disons au compte de mon inconscient 3Miller J.-A., « Au commencement était le transfert », Ornicar ?, no 58, mai 2024, p. 192. ».

    L’acte est donc bien présent à l’entrée : celui du patient qui franchit le seuil de l’analyse, celui de l’analyste qui, comme le dira Lacan dans ses « Conférences et entretiens dans des universités nord-américaines », le fait « entrer par la porte », s’assurant qu’il y a bien pour lui « une véritable demande 4Lacan J., « Conférences et entretiens dans des universités nord-américaines », Scilicet, no 6 / 7, Paris, Seuil, 1976, p. 32. », laquelle est toujours singulière. Aussi, malgré un siècle de pratique de la psychanalyse, nul protocole n’est venu baliser « Le début du traitement 5Cf. Freud S., « Le début du traitement », La Technique psychanalytique, Paris, PUF, 1997, p. 80-104. ». Car si « une analyse ne ressemble à aucune autre » et ce, « dès son commencement 6Miller J.-A., « Au commencement était le transfert », op. cit., p. 188. », c’est donc bien au pluriel qu’il faut envisager celui-ci.

    Un pluriel, soulignons-le, qui relève d’une éthique dès lors qu’il s’agit, à chaque fois, d’accueillir la singularité du symptôme. Prendre le temps des commencements, c’est déjà suivre l’exemple de Freud qui remettait constamment sa Traumdeutung sur le métier, lui consacrant pas moins de huit éditions de son vivant. Mais c’est aussi – et avant tout – veiller au maintien du discours analytique, un siècle après sa découverte.

    France Jaigu est psychanalyste, membre de l’École de la Cause freudienne.

  • 1
    Lacan J., Le Séminaire, livre xv, L’Acte psychanalytique, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 2024, p. 17.
  • 2
    Freud S., « Petit abrégé de psychanalyse », Résultats, idées, problèmes, t. ii, 1921-1938, Paris, PUF, 1985, p. 97.
  • 3
    Miller J.-A., « Au commencement était le transfert », Ornicar ?, no 58, mai 2024, p. 192.
  • 4
    Lacan J., « Conférences et entretiens dans des universités nord-américaines », Scilicet, no 6 / 7, Paris, Seuil, 1976, p. 32.
  • 5
    Cf. Freud S., « Le début du traitement », La Technique psychanalytique, Paris, PUF, 1997, p. 80-104.
  • 6
    Miller J.-A., « Au commencement était le transfert », op. cit., p. 188.