PARUTIONS
LIVRES

Pourquoi Lacan

Anaëlle Lebovits-Quenehen (dir.)
Références
Pourquoi Lacan
Anaëlle Lebovits-Quenehen (dir.)
Éditeur
Presses psychanalytiques de Paris
Pages
290
Année
2021
prix
19.50 €
Isabelle Magne
  • J’ai rencontré Lacan

    lacan, poème
    Lacan le poème – Miscellanées – François Regnault

    CHEZ LACAN
    Comment Lacan – Benoît Jacquot
    Enfin Lacan – Roland Castro
    L’invention incessante – Agnès Aflalo
    Une analyse indolore – Jacques Riguet
    Rendez-vous chez Lacan : la voix offGérard Miller

    LACAN DANS LE MONDE
    La reconquête du Champ freudien – Judith Miller

    L’EFFET LACAN
    Le corps sort de la voix – Philippe Sollers

    LE CHOIX
    Le démon de Lacan – Jacques-Alain Miller

    Avec Lacan

    PENSER ET ÉCRIRE
    Lacan dans son époque – Alexandre Adler 
    Un affrontement singulier – Éric Marty
    Entre Nostradamus et Mallarmé – Pierre Michon
    Lacanfance – Eliette Abécassis

    EN SCÈNE
    L’hospitalité philosophique – Jean-Loup Rivière
    Encore Encore – Scali Delpeyrat
    Something else extra – Anne-Lise Heimburger

    EN NOIR & BLANC
    Lacan trait pour trait – Clémence La Sagna
    Entre-là – Paul Magendie
    Pierres – Françoise Barbara
    Un autre travail des nœuds – Patrice Marchand
    Che vuoi ? – Arno Boueilh

    EN COULEUR
    Interprétation renversante – Pablo Reinoso
    Bosch/Klagenthal – Bertrand Lavier
    La Mariée à la moustache nô – Kimiko Yoshida
    Le Nœud de Lacan – Jean-Michel Othoniel
    Actualité – Jean Pierre Raynaud
    Les regards – Christian Boltanski
    Découverte – Félicie Jaigu
    Divan – Clémence La Sagna & Omar Ben Naceur

    EN VERS
    Parlé – Julien Pauthe
    Là où je pense – Noam Assayag
    Encore un coup de dé, Sir ? – Renato Corona

    VIVRE LA GUERRE
    Une relève de Mao – Gérard Wajcman
    La guerre des fils – Guy Briole

    Lacan après Lacan

    L’or et l’ivraie de la bêtise – Deborah Gutermann-Jacquet
    Ce qui ne colle pas – Laurent Dumoulin
    Knocked : Lacan crève l’écran – France Jaigu
    Lacan, Dieu et le Père Noël – Alice Delarue
    Lacan aiguillon – Damien Guyonnet
    Lacan et la contingence – Valeria Sommer-Dupont
    L’audace de Lacan – Andrea Orabona
    Pour le sujet lacanien – Clotilde Leguil
    Parler de lire – Luc Garcia
    Cause toujours – Aurélie Pfauwadel
    Expliquez-moi – Benoît Delarue
    Lacan en quatre dimensions – Anaëlle Lebovits-Quenehen

  • Pourquoi Lacan. Ce livre rend compte d’un choix pour Lacan dont les effets se déclinent d’une contribution à l’autre. Certains des auteurs ici réunis nous parlent ainsi de leur rencontre avec l’homme, d’autres avec son enseignement, ses écrits, ou un analyste lacanien qui les a mis sur la voie de Lacan… Dans ce livre, des psychanalystes bien sûr, mais aussi des écrivains, des metteurs en scène, des acteurs, des poètes, des penseurs, un architecte, un cinéaste et un mathématicien. C’est que Lacan qui s’intéressait à tout intéresse en retour, et comme en écho, bien au-delà des seuls psychanalystes.

    Si chacune de ces contributions est bien sûr singulière, nous avons pourtant fait le pari de les regrouper en trois parties.

    La première, « J’ai rencontré Lacan », réunit des textes et des entretiens témoignant de l’impact produit par cette rencontre. Si la plupart nous en font un récit émaillé d’anecdotes irrésistibles et de ces divins détails prompts à nous figurer Lacan, François Regnault, qui ouvre la rubrique, nous entraîne avec lui dans sa lecture de Lacan, quand Judith Miller nous fait voyager dans le monde, partout où Lacan est présent. Parmi ces premiers contributeurs, Jacques-Alain Miller nous présente Lacan dans un grand entretien où s’aperçoit aussi que faire le récit de sa rencontre avec Lacan ne va pas sans y découvrir, et du même mouvement, quelque chose de soi.

    Dans la seconde rubrique, « Avec Lacan », des hommes et des femmes témoignent de leur travail avec ou en écho à l’enseignement de Lacan. Nous y avons aussi invité des plasticiens dont certains interprètent librement le titre du livre, quand d’autres nous ont donné la reproduction d’une œuvre directement inspirée par Lacan, ou qui résonne avec une citation pour nous emblématique.

    Enfin, la troisième et dernière partie de ce volume, « Lacan après Lacan », compte les contributions de douze psychanalystes quarantenaires, qui ont donc découvert Lacan in abstentia. Ils témoignent de ce que Lacan a pour eux d’essentiel en reprenant une citation, une thèse, un éclairage qui les a particulièrement emballés, ou en disant pourquoi et comment Lacan les a embarqués.

    Pour être en nombre, les auteurs de ce volume n’achèvent pourtant pas de nous présenter Lacan. C’est qu’en faire le tour est impossible. En cela, sans doute Lacan tient-il au réel. De fait, si Lacan est bel et bien identifiable, il n’est jamais tout à fait identique à lui-même – c’est d’ailleurs justement ce qui estampille son style si singulier. Dans le genre inimitable, disons que Lacan est un modèle !  On ne l’approche que par touches singulières, ces touches où passent sa vivacité et sa fulgurance.

    « Le réel, c’est quand on se cogne », dit Lacan. En cela aussi, il s’avère qu’il tient au réel. Ceux qui témoignent ici de leur rencontre avec lui s’y sont en effet cognés, mais heureusement, par un coup de chance – de ceux qui relancent le désir. C’est ce double désir, celui de Lacan comme celui qu’il suscite, qui donne à ce livre sa pulsation.

  • Un inimitable modèle

     

    Pourquoi Lacan paraît à l’occasion du 40e anniversaire de la mort de Jacques Lacan aux Presses Psychanalytiques de Paris, nouvellement crées par l’ECF. Réunissant sous la houlette d’Anaëlle Lebovits-Quenehen des textes et des œuvres de personnes de divers horizons – psychanalyse, philosophie, art, culture, création… –, près d’une cinquantaine d’auteurs y témoignent de cet « heureux traumatisme » qu’a constitué pour eux leur rencontre singulière avec Lacan. Comme l’indique le réalisateur Benoît Jacquot : « “pourquoi Lacan” avec un point d’interrogation serait la dernière question à se poser […]. Pour moi comme pour vous, il s’agit plutôt de “comment Lacan”. Il y a un usage in facto de Lacan qui est éminemment profitable1« Comment Lacan. Entretien avec Benoît Jacquot », in Lebovits-Quenehen A. (s/dir.), Pourquoi Lacan, Paris, Presses Psychanalytiques de Paris, 2021, p. 41.».

    Ceux qui l’ont rencontré parlent de lui. Anecdotes, souvenirs et fragments de vie, apportent du relief à l’homme, à son « style ». Pour autant, « dans le genre inimitable, comme A. Lebovits-Quenehen le souligne, disons que Lacan est un modèle ! On ne l’approche que par touches singulières, ces touches où passent sa vivacité et sa fulgurance.2Lebovits-Quenehen A., « Avant-propos », Lebovits-Quenehen A. (s/dir.), Pourquoi Lacan, op. cit., p. 10.»

    Or, au-delà des points de singularité, de la rencontre avec le docteur Lacan en personne à celle de son enseignement, les effets en ont aujourd’hui dépassé les frontières et les disciplines. En effet, une rencontre a été cruciale parmi ces rencontres : celle du jeune normalien Jacques-Alain Miller avec Lacan. Dans un grand entretien, J.-A. Miller livre cette histoire fondamentale pour l’avenir de la psychanalyse. Alors qu’il passait déjà pour l’étudiant qui comprenait le mieux Lacan, il en fait la rencontre à une époque où le psychanalyste est attaqué de toutes parts. Cette rencontre va ancrer un incomparable désir de transmission chez le jeune homme à qui Lacan confiera l’établissement de ses Séminaires pour publication.

    Cette transmission a considérablement étendu le Champ freudien. Lancé par Jacques Lacan depuis la fondation de son École en juin 1964, il constitue aujourd’hui un « vaste ensemble qui concerne des milliers de praticiens lacaniens dans le monde3« La reconquête du champ freudien. Entretien avec Judith Miller », in Lebovits-Quenehen A. (s/dir.), op. cit., p. 71.»». Judith Miller, qui fut dès 1981 présidente de l’association de la Fondation du Champ freudien, précise au cours d’un entretien réalisé depuis le cabinet du 5 rue de Lille, que « “Champ” est ici à entendre au sens de champ magnétique ou électrique, […] indiqu[ant] que le sujet n’est pas plus libre que l’électron, mais répond dans la contingence dont son parcours résulte, à des lois, celles du langage4Ibid., p. 72.».

    En 1981, peu de temps avant sa mort, Lacan fonde l’École de la Cause freudienne. Depuis, d’autres Écoles, dans d’autres pays, ont vu le jour. Mais ce mouvement n’est pas absolu et la question du passage de la rencontre singulière avec Lacan vers le désir de transmission reste d’actualité. Judith Miller, qui œuvra elle-même ardemment pour le rayonnement de la psychanalyse, rappelle à cet égard que « s’il faut une présence incarnée – la présence d’un analyste est indispensable –, il faut aussi un au-delà de cette présence pour que le transfert à la psychanalyse se produise effectivement5Ibid., p. 75.».

    « Lacan était un pécheur d’hommes. Il a su nous attraper, mais il n’était pas du genre à tirer les ficelles.6« Le démon de Lacan. Entretien avec Jacques-Alain Miller », in Lebovits-Quenehen A. (s/dir.), op. cit., p. 99.» Quarante ans après, sous la plume de jeunes analystes, devenus membres de l’École de Lacan, la dernière partie du livre vérifie que Pourquoi Lacan relève d’un choix. Valeria Sommer-Dupont indique notamment : « L’articulation subversive que propose Lacan place l’analyste, le discours analytique, dans un rapport à la clinique qui dissout toute prétention essentialiste qui verrait dans le neurone, le gène, l’anatomie, la culture, voire dans l’œdipe, le phallus, et même dans le sens ou dans l’interprétation, le ratio ultime de l’être parlant.7Sommer-Dupont V., « Lacan et la contingence », in Lebovits-Quenehen A. (s/dir.), Pourquoi Lacan, op. cit., p. 251-252.» Éveillés et au désir vivant, les analystes piqués par Lacan et l’enseignement de J.-A. Miller, poursuivent avec d’autres le travail de transmission et de réflexion à propos du « malaise » du monde dans lequel nous vivons. Ce volume en témoigne assurément.

  • 1
    « Comment Lacan. Entretien avec Benoît Jacquot », in Lebovits-Quenehen A. (s/dir.), Pourquoi Lacan, Paris, Presses Psychanalytiques de Paris, 2021, p. 41.
  • 2
    Lebovits-Quenehen A., « Avant-propos », Lebovits-Quenehen A. (s/dir.), Pourquoi Lacan, op. cit., p. 10.
  • 3
    « La reconquête du champ freudien. Entretien avec Judith Miller », in Lebovits-Quenehen A. (s/dir.), op. cit., p. 71.»
  • 4
    Ibid., p. 72.
  • 5
    Ibid., p. 75.
  • 6
    « Le démon de Lacan. Entretien avec Jacques-Alain Miller », in Lebovits-Quenehen A. (s/dir.), op. cit., p. 99.
  • 7
    Sommer-Dupont V., « Lacan et la contingence », in Lebovits-Quenehen A. (s/dir.), Pourquoi Lacan, op. cit., p. 251-252.