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Histoires de mères en psychanalyse

Être mère. Fantasmes de maternité en psychanalyse

Christiane Alberti (dir.)
Références
Histoires de mères en psychanalyse
Christiane Alberti (dir.)
Éditeur
École de la Cause freudienne
Année
2014
prix
9 €
  • Vingt-deux Histoires de mères en psychanalyse sont relatées dans cet ouvrage. Elles ont fait l’objet de récits joués lors des 44e Journées de l’École de la Cause freudienne qui se sont tenues les 15 et 16 novembre 2014 au Palais des Congrès de Paris, sous le titre « Être mère. Fantasmes de maternité en psychanalyse ».

    Afin d’inaugurer chaque séquence de travaux cliniques en simultanées, des psychanalystes de l’ECF ont été conviés à raconter, en y mettant du leur, leur voix, leur présence, ces cas fameux de maternité prélevés dans la littérature psychanalytique. Il s’agissait de les mettre en récit avec juste ce qu’il faut de sel pour en faire une histoire psychanalytique. Les histoires pour une part sont peu étrangères à la psychanalyse. Aussi fictive qu’inconsciente, c’est toujours une histoire qui préside à l’existence de chacun.

    Alice Delarue a ensuite su transformer, avec un soin sans pareil de l’édition, ces récits en e-book.

    Des femmes psychanalystes parlent de la maternité

    Être mère, voilà qui semblait simple et naturel ! Fin des évidences. La mère se pluralise – biologique, symbolique, donneuse, porteuse. Le parent gomme le distinguo père/mère.

    La science lève le voile sur le désir d’enfant, désormais émancipé des relations à l’autre sexe et des limites de la nature. La modernité dénude ainsi toutes les fantaisies du désir de maternité – l’enfant dont je rêve, comme je veux – en prise directe sur l’enfant, tel un objet capté par une industrie, sa rentabilité, ses leviers publicitaires.

    La psychanalyse est-elle pour ou contre ? Elle est toujours avec ceux qui sont aux prises avec les aléas et contradictions du désir.

    Quel est cet étrange vouloir en jeu dans chaque maternité ? Des femmes psychanalystes témoignent ici de paroles inédites sur l’être mère – désir illimité, maternisation du monde, burn-out, homoparentalité ou partenaire-symptôme, déni…

    Techno-maternités – Dominique Laurent

    Les nouvelles configurations de la procréation introduites par les PMA lèvent un voile sur ce qu’on appelle le désir d’enfant. Celui-ci se trouve affecté par ces progrès techniques mais aussi par les avancées sociétales du statut des femmes et des homosexuels. La psychanalyse contribue à l’exploration de ce désir lorsqu’il n’est plus structuré par le principe paternaliste. Elle sera toujours plus convoquée pour traiter au cas par cas le malaise dans la procréation et saisir ce qui, dans ces déterminations multiples, laisse ouvert le choix forcé de la « folie » de chacun.

    Horsexe – Marie-Hélène Brousse

    Des hommes et des femmes, des mâles et des femelles, des ovocytes et des spermatozoïdes : autant de définitions du sexe que notre époque manie dans le plus complet malentendu. Une chatte n’y retrouve plus ses petits ! Et les mères, où sont-elles ? Partout ! Il y a les hommes-mères, les mères-hommes, les mères porteuses, il y a des mères « dans les éprouvettes », ou « dans la nature », ou encore « selon la loi » : un peu d’orientation lacanienne serait-elle possible ?

    Maternité blues – Esthela Solano-Suárez

    Des femmes témoignant de leur expérience d’être mère nous apprennent que l’enfantement fait trou. Il n’y a pas de savoir, ni d’adéquation naturelle entre la mère et l’enfant, ni d’harmonie préétablie parce qu’il y a de l’impossible ; à chacune d’inventer sa façon d’être mère avec chaque enfant. Dès lors que la rencontre avec l’enfant vient la confronter au manque de savoir la concernant, aussi bien comme mère que comme femme, il se peut qu’il la pousse vers le sans-limites d’un ravissement ravageant, et cela par la bifidité, la doublure entre la mère et la femme.

    Maman solo – Rose-Paule Vinciguerra

    Autrefois un voile d’infamie recouvrait celles que l’on appelait les « filles-mères ». Les avancées du droit l’ont dissipé. Mais, plutôt que la forme juridique que prend sa relation à l’enfant, n’est-ce pas le rapport d’une femme aux aléas de son désir qui fait d’elle une mère célibataire ? Et que peuvent dire les psychanalystes lorsque des défenseurs de la famille traditionnelle s’alarment pour l’enfant ?

    Homoanalysantes – Agnès Aflalo

    La maternité s’est toujours réinventée selon les lieux et les époques. Mais aujourd’hui, les progrès de la technique dévoilent sa nature de fiction. Dans cette perspective, refuser la maternité aux couples de femmes homosexuelles relève d’une ségrégation qui ne dit pas son nom. Il serait temps d’entrer dans le XXIe siècle et de prendre au sérieux que l’altérité vient du côté des femmes au point de considérer avec Lacan que le père lui-même n’est qu’« un des noms de La femme ».

    Le ventre, maternel ? – Carole Dewambrechies-La Sagna

    Les partisans de l’instinct maternel voient dans le ventre et la relation in utero la base de tout attachement. Quand la loi (en France actuellement) définit la maternité et la filiation qui s’y rattache, par l’accouchement, la valeur du ventre devient absolue : le fait biologique impose sa loi. Que nous apprend la psychanalyse à ce sujet ? Que nulle providence n’harmonise les rapports humains, fussent-ils entre mère et enfant, mais qu’il existe au contraire, dans ces rapports, un « dérangement » fondamental. Le ventre ne peut constituer une valeur refuge de la « vraie mère ».

    Du fameux déni de grossesse – Francesca Biagi-Chai

    Répéter à l’envi le « déni » pour ne rien entendre de ce que dit une femme confrontée à une grossesse qu’elle ignore : on a prélevé le déni chez Freud pour mieux annuler sa découverte et avec elle l’inquiétante réalité dont nombre de femmes témoignent. Elles ne cessent de dire l’insistance du réel, le non-savoir absolu, véritable scotome du vivant. Le corps propre leur échappe, si jusque-là elles avaient pu croire le posséder. C’est dans cette zone de non-avoir que parfois, dans une continuité logique, s’inscrit l’infanticide. L’analyste ne recule pas à interroger ce point.

    Des mères sur le divan – Anaëlle Lebovits-Quenehen

    Les mères font bien souvent symptôme pour leurs enfants. Aussi les analysants parlent-ils de leur mère sur le divan, et plus souvent qu’à leur tour. Des paroles qui s’y déposent, un savoir s’élabore qui concerne la façon dont un sujet peut trouver à faire un usage symptomatique de sa mère – à son insu, cela va de soi. Mais il y entrevoit aussi la nécessité de se faire responsable de la jouissance qui l’habite et à laquelle la mère dont il se plaint fait bien souvent écran.