Cartello, 6

Mouvement de désir

01/12/2014
Anne-Laure Pellat-Mersaoui

Lors d’une formation en art-thérapie ponctuée par des interventions de psychanalystes membres de l’École de la Cause freudienne, je suis saisie par cette phrase : « Il n’y a pas de rapport sexuel. » Elle fait énigme pour moi et ce qu’elle me laisse entrevoir de l’enseignement de Jacques Lacan provoque un véritable effet de surprise. Dans mon parcours avec la psychanalyse, ce courant m’était jusqu’alors resté étranger. Me voilà déstabilisée : j’ai le sentiment de vivre « à mon corps défendant » un effet de conversion ! Et pourtant, c’est bien mon corps qui a été traversé par ce que j’ai entendu au cours de cette formation. Je fais le choix d’aller en parler à une analyste de l’École de la Cause freudienne. J’entrevois avec elle que, pour des raisons qui me sont intimes et très actives dans ma vie actuelle, je suis bien à la bonne adresse !

L’effet de transfert se met en circulation : la rencontre avec l’enseignement de Lacan (j’ai tout à découvrir !), la rencontre avec une psychanalyste, la rencontre avec une école de psychanalyse dont le fonctionnement m’intéresse vivement. Cet ensemble me met dans un mouvement de désir qui ne cesse de réorienter mon existence.

Je frappe à la porte d’une autre analyste qui s’occupe plus spécifiquement des activités de l’Association de la Cause freudienne. C’est une nouvelle rencontre : notre échange, assez passionné, m’aide à mieux me repérer dans les activités nombreuses de l’association. Dans cette géographie riche et complexe, j’intègre un cartel, un nouveau champ lexical s’ouvre à moi ! Il porte sur le thème des 44es Journées de l’ECF, sur le thème « Être mère ». Je découvre les textes qui en font la matière (cf. la bibliographie ci-dessous). Je trouve là une autre façon de me pencher sur l’énigme avec laquelle je suis arrivée : « Il n’y a pas de rapport sexuel, mais qu’est-ce que c’est que cette affaire ? » Les textes que nous étudions m’offrent de rentrer dans la pensée lacanienne, pas seule mais avec d’autres tout en suivant un fil qui m’est personnel. À ce titre, c’est un dispositif que je trouve d’une grande richesse.

Je choisis de partir des textes sélectionnés par ce cartel, de m’en tenir pour l’instant à cette bibliographie, d’écouter la façon dont ils se parlent entre eux à partir de ce qui retient ma curiosité et j’écris à partir de cet axe.

La lecture de ces textes précieux m’a offert un voyage au cœur de la pensée lacanienne sur le thème « Être mère ». Je les ai parcourus avec en fond d’énigme cette phrase, « Il n’y a pas de rapport sexuel », et peux ainsi, petit à petit, la faire mienne, la laisser en moi opérer sa révolution : un changement d’analyste, un changement d’école, une œuvre à découvrir, ça n’est pas rien ! Autant dire que sur ce chemin, le cartel dont je suis et les collègues qui le composent, nos échanges, notre dynamique de travail, me sont vraiment très très précieux.

 

Bibliographie du cartel « Être mère »

. Brousse M.-H., « La mère dans la psychanalyse », Quarto, n°47, Les lectures de l’Œdipe, mai 1992, p. 25.
. Guéguen P.-G., « Être mère et femme », La petite Girafe, n°18, décembre 2003, p. 12
. Lacadée P., « Mais qu’y a-t-il donc entre la mère et l’enfant ? » Quarto, op. cit., p. 55.
. Interview de Catherine Armand à propos du livre de Philippe Lacadée Le malentendu de l’enfant, La petite Girafe, n°18, op. cit., p.118.
. Scarone E., « Tout sur ma mère, de Pedro Almodovar », ibid., p. 109.
. Steinmann D., « Une architecture de la castration », ibid., p. 68.
. Tréglia N., « Mère de l’amour, mère du désir », ibid., p. 84.