Quand les combattants s’affrontent, engageant leur vie sous les tirs et les explosions, on dit qu’ils sont « au feu ». Ceux-là font l’expérience de « l’anéantissement, [lequel] n’est pas la mort. C’est une déchirure du temps »1Briole G., « Dans les mâchoires de la guerre : arrachement », in Brousse M.-H, (s/dir.), La Psychanalyse à l’épreuve de la guerre, Paris, Berg International, 2015, p. 76.. Quelques écrits sur la guerre sont brûlants, d’avoir traversé ce feu.
Henri Barbusse, écrivain déjà connu avant-guerre, découvre le front à quarante et un ans, en 1915. Il y combattra près d’un an. Il écrit dans ses carnets la morsure des combats sur les corps, souffrants, parlants, et les pertes humaines immenses de cette Première Guerre moderne. Son livre Le Feu témoigne de cette déchirure du temps et du sentiment d’étrangeté éprouvé sur le champ de bataille où parfois « des clameurs se sont élevées et sont retombées comme des débris »2Barbusse H., Le Feu : journal d’une escouade, Paris, Le livre de Poche, 1988, p. 129.. Il l’a écrit au plus près de ce réel pour faire un brûlot contre la guerre, mais son engagement pour un pacifisme international sera vain.
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