L'Hebdo Blog, 271

De la fixation et de la répétition en psychanalyse

Éditorial

© J.-M. Molle.
22/05/2022
Martine Versel

Peut-être bien, depuis toujours, nous nous référons à la répétition et à la fixation pour dire les tréfonds de la condition humaine. Ce depuis toujours, c’est tout du moins pour nous, depuis Homère. À repérer et à suivre cette hypothèse, le Chant XI de l’Odyssée qui raconte la descente aux Enfers d’Ulysse ouvre une voie. Dans le Royaume d’Hadès, Ulysse dit ce qu’il voit. Il y voit, dit-il, les ombres de bien des défunts et son cœur les désire ardemment. Il y voit Tantale « toujours assoiffé, il ne pouvait rien boire ; chaque fois que, penché, le vieillard espérait déjà prendre de l’eau, il voyait disparaître en un gouffre le lac1Homère, Iliade Odyssée, Paris, Gallimard, coll. La Pléiade, 2006, p. 710.». Plus expressive encore est la figure de Sisyphe : « ses deux bras soutenaient la pierre gigantesque, et, des pieds et des mains, vers le sommet du tertre, il la voulait pousser ; mais à peine allait-il en atteindre la crête, qu’une force soudain la faisant retomber, elle roulait au bas, la pierre sans vergogne2Ibid.».

Ces vers disent que Tantale et Sisyphe sont rivés, fixés, « en proie à [leurs] tourments3Ibid.». N’est-ce pas une figuration d’un trauma s’il en est, voué à une répétition sans fin ?

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  • 1
    Homère, Iliade Odyssée, Paris, Gallimard, coll. La Pléiade, 2006, p. 710.
  • 2
    Ibid.
  • 3
    Ibid.