Dans le cadre du Campus de l’ECF, Carolina Korestsky, psychanalyste, membre de l’ECF et de l’AMP, dépliera des concepts psychanalytiques en lien avec le thème.
Argument
Loin d’être appareillé à une illusion ou à un artifice, le semblant est un opérateur clinique majeur qui apparaît tardivement dans l’enseignement de Lacan. Pourquoi Lacan le préfèrera-t-il à celui de fiction ? Quel lien entretient-il avec la vérité ?
Si dans l’usage commun ce terme désigne la fausseté d’un objet ou d’un sentiment, Lacan va tordre cette signification et l’éloigner de toute idée de simulacre. Le semblant n’est pas l’inauthentique, c’est un concept qui réunit ce qui va être hétérogène vis-à-vis du réel. Ainsi, le phallus, le Nom-du-Père, l’objet a, prendront pas à pas le statut de semblant mais dans une orientation vers le réel. Cette hétérogénéité ne conduit pas à une position cynique, car dénoncer que tout n’est que semblant ne conduit qu’à un oubli du réel. La catégorie du semblant est le seul opérateur à condition d’un faire le bon usage : le prélèvement, l’ordonnancement et la chute des signifiants maîtres qui surgissent dans la pratique de la libre association. Il faut donc une duperie, duperie nécessaire dont le sujet contemporain – imprégné des discours sur le tout cerveau et l’efficacité – paraît, parfois, chercher à vouloir se passer. Pour Lacan « les non-dupes sont ceux ou celles qui se refusent à la capture de l’espace de l’être parlant1Lacan J., Le Séminaire, livre XXI, Les non-dupes errent, leçon du 13 novembre 1973, inédit.». Cet espace n’est pas celui où se cristallise une identité figée dans une auto-détermination. C’est une expérience où se déploient les marques qui nous rendent captifs à notre insu d’une répétition. Comment donc préserver « une éthique qui se fonderait sur le refus d’être non dupe2Ibid.»?