ACF
Bordeaux

Quelle folie !

9 décembre 2023 - 09h30 à 17h00
Infos pratiques
09/12/23 - 09h30 à 17h00

Renseignements : acf.dr-aquitania@causefreudienne.org

Théâtre des Salinières
4 rue Buhan
33000 Bordeaux
Inscription
Tarifs :

Tarif : 40 euros – Etudiants, demandeurs d’emploi: 10 euros

Journée de l’ACF en Aquitaine avec Sophie Gayard, psychanalyste, membre de l’ECF et de l’AMP, Léa Belooussovitch, artiste et Rodolphe Adam, psychanalyste, membre de l’ECF et de l’AMP

Argument

Aujourd’hui, la « folie » n’a plus droit de cité en psychiatrie. La « santé mentale » a remplacé la « maladie mentale ». Aurions-nous désormais affaire à la négation, voire à la forclusion de la folie ? S’il n’y a plus de lieu où l’accueillir, si elle n’a plus sa place dans le discours de la psychiatrie, que devient la folie ?

En 1969 Lacan avait inventé un néologisme prédisant ainsi l’avenir de la psychiatrie : « sociatrie 1Cf. Lacan J., « D’une réforme dans son trou », dans La Cause du désir, n° 98, 2018, p. 9.». À la place de la clinique psychiatrique viennent s’inscrire les données des consensus avec leur cortège de normes statistiques et l’élaboration psychopathologique se voit réduite à une causalité traumatique. La responsabilité du sujet est écartée, faisant place au statut de victime et la justice prend alors le relais.

« La folie n’existe que dans une société, indiquait Foucault, elle n’existe pas en dehors des formes qui l’isolent, l’excluent ou la capturent […] Chaque culture, après tout, a la folie qu’elle mérite 2Cf. Foucault M., « La folie n’existe que dans une société », Dits et Ecrits, Tome 1 : 1954-1969, Paris Gallimard, 1994, p. 197.». À chaque époque donc ses fous, sa façon de concevoir, de décrire et de traiter la folie. Dans un certain nombre de cas, ce qui passait autrefois pour de la folie, à travers le prisme classique raison/déraison, peut désormais être intégré dans notre monde de tous les possibles. Les folies se fondent aujourd’hui dans la jungle des styles de vie, dans la multitude des modes de jouir, qui ont supplantés cadres nosologiques et symptômes analytiques. Mais à qui s’adresse aujourd’hui la parole de celui qui souffre ?

« À nier la subjectivité, à ne rien vouloir savoir de ce que les patients ont à dire, dans ces confins ou la parole se démet, commence le domaine de la violence et (…) elle y règne déjà, même sans qu’on l’y provoque 3Lacan J., « Introduction au commentaire de Jean Hyppolite »,Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 375.» nous avertissait Lacan. La violence médiatisée dans laquelle nous sommes plongés n’est-elle pas justement ce qui fait retour de la folie privée de toute psychopathologie ?

Quelle place pour le discours de la psychanalyse dans cette évolution ?

Ne s’agit-il pas d’offrir un temps et un lieu pour une parole qui ne soit pas « ravalée à être un outil de communication, qui pourrait dire dans une correspondance sans reste et identique pour chacun… 4Gayard S., « La clinique de la folie est aujourd’hui psychanalytique », Horizon 64-Confluents 72, 2019, p. 54.» ?

C’est pourquoi Lacan témoigne de l’importance de « concerner » les cliniciens qui butent contre un rien vouloir savoir du réel qui, dans la folie dont témoignent des sujets psychotiques, vient les toucher intimement.

  • 1
    Cf. Lacan J., « D’une réforme dans son trou », dans La Cause du désir, n° 98, 2018, p. 9.
  • 2
    Cf. Foucault M., « La folie n’existe que dans une société », Dits et Ecrits, Tome 1 : 1954-1969, Paris Gallimard, 1994, p. 197.
  • 3
    Lacan J., « Introduction au commentaire de Jean Hyppolite »,Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 375.
  • 4
    Gayard S., « La clinique de la folie est aujourd’hui psychanalytique », Horizon 64-Confluents 72, 2019, p. 54.