ACF
Lille

Quand le symptôme devient mode de vie

14 octobre 2023 - 09h00 à 17h00
Infos pratiques
14/10/23 - 09h00 à 17h00

Renseignements : uforcalille@gmail.com

Université Catholique de Lille
Faculté de médecine & maïeutique
60 rue du port
59000 Lille
Inscription
Tarifs :

P.A.F. : 30 euros, 15 euros pour les étudiants et les demandeurs d’emploi, inclus dans l’inscription au Collègue Clinique de Lille

Journée +1 organisée par le Collège Clinique de Lille et de l’ACF en CAPA. En présence d’Andrea Orabona, psychanalyste, membre de l’ECF et de l’AMP.

Argument

Le titre de cette journée mérite un commentaire car il n’est pas évident qu’une vie puisse s’agencer à partir de ce qui ne va pas, de ce dont on se plaint et qui fait souffrir. Certes, le symptôme apparaît tout d’abord comme un dysfonctionnement, une chose encombrante, qui suscite un certain inconfort et dans lequel on ne se reconnaît pas. À l’occasion, on va chez le thérapeute pour s’en défaire avec souvent une certaine réussite. Jacques Lacan disait à ce propos que tout ce qu’on peut obtenir d’effet thérapeutique en analyse, on l’obtient les trois premiers mois1 Cité par J.-A. Miller à France Culture, Histoires de psychanalyse, le 1er juin 2005.. Il ne s’agit pas ici de donner du poids aux thérapies brèves mais d’entendre qu’il y a un autre versant au symptôme et c’est ce sur quoi ce titre met l’accent, à savoir une certaine persistance de celui-ci. Cette autre face du symptôme est plus harmonique au sujet car elle comporte une satisfaction cachée. Il ne s’agit plus là du symptôme comme vérité du sujet, mais du symptôme comme jouissance à laquelle le sujet tient. Elle se loge « au plus intime de son intime » ; ce sont les mots de Saint Augustin pour Dieu mais ils conviennent à ce dont il s’agit ici.

Chacun de nous naît et vit immergé dans un bain de langage, cela emporte une conséquence : « l’inconscient – nous dit Jacques-Alain Miller – n’est pas une donnée de nature mais le résultat de ce traumatisme proprement linguistique2J.-A. Miller à France Culture, à l’occasion du centième anniversaire de la naissance de Jacques Lacan.». Il ajoute que ce « traumatisme détraque l’animal en l’homme3Ibid.». C’est-à-dire que cette opération fait de lui un sujet, un être de désirs et de symptômes et c’est bien de ceci dont on ne guérit pas. Comment se termine une analyse? Certes, le trajet a permis au sujet qui s’y prête de déchiffrer ses symptômes, de mettre au jour ses fantasmes voire son fantasme fondamental. Cependant, au terme du parcours le sujet n’est toujours pas transparent à lui-même car il n’y a ni dernier mot, ni révélation ultime. Ce qui reste de toute une analyse est un impossible à dire, un reste dépourvu de sens, une opacité définitive.

Pourtant l’idée d’avoir à s’arranger de son symptôme est dans l’air du temps : voyez Les tournesols sauvages de Jaime Rosales sorti il y a peu. L’héroïne incarnée par Anna Castillo, superbe de justesse, nous montre comment elle se débrouille dans la vie pour trouver une issue qui lui permette de tenir debout. C’est un mode de vie.

J.-P. Parchliniak

  • 1
    Cité par J.-A. Miller à France Culture, Histoires de psychanalyse, le 1er juin 2005.
  • 2
    J.-A. Miller à France Culture, à l’occasion du centième anniversaire de la naissance de Jacques Lacan.
  • 3
    Ibid.