Dans le cadre des Journées de l’ACF à la Réunion, Alice Delarue, psychanalyste à Rennes, membre de l’ECF et de l’AMP, donne une conférence intitulée « L’enfant entre dépathologisation et diagnostic ».
Argument
par Alice Delarue
Avec son aphorisme « Tout le monde est fou », Lacan a annoncé le mouvement actuel de dépathologisation de la clinique, dans lequel les anciennes catégories cliniques, dont la psychose, sont abandonnées au profit de nouveaux diagnostics censément déségrégatifs et de nominations foisonnantes qui épinglent des styles de vie. L’enfant est au cœur de ce mouvement paradoxal entre dépathologisation et diagnostic : quels que soient ses symptômes, il est désormais invité se faire rééduquer – ou médiquer – afin de pouvoir s’inclure dans l’ensemble du « normal ». La psychanalyse a elle-même subverti la clinique psychiatrique classique, qui, quand elle classe ce qui relèverait du normal ou du pathologique, relève du discours du maître1Cf. Miller J.-A., « Conversation d’actualité avec l’École espagnole du Champ freudien, 2 mai 2021 (II) », La Cause du désir, n° 109, 2021, p. 34-51., et Jacques-Alain Miller a souligné combien il est intéressant de repenser la clinique différentielle de la psychose à l’aune de la clinique universelle du délire2Cf. Miller J.-A., « Clinique ironique », La Cause freudienne, n° 23, 1993.. Si « tout le monde est fou, c’est alors qu’il devient intéressant de faire des différences3Ibid.». Nous verrons comment, parce qu’elle ne verse pas dans la folie commune de la communication et de la compréhension, la psychanalyse peut permettre un traitement possible de la psychose en prenant en compte le rapport singulier du sujet au langage et à la langue, au corps, à l’Autre.