Conversation avec Philippe Bouret, psychanalyste, membre de l’ECF et de l’AMP, auteur avec Daniel Mesguish de l’ouvrage « Le Spectre du théâtre », aux éditions Bouquins.
Entre scène et mise en scène, le théâtre joue sa partie. À la manière d’un rebus, il est traduction, écriture d’un désir dont le texte est poème. Ce qui s’y interprète, compose avec ce que Paul Valéry disait du poème, « cette hésitation prolongée entre le mot et le sens », en tant qu’elle est le lieu d’un impossible à dire. Lacan avance que « le minimum, ce serait que les psychanalystes s’aperçoivent de ce qu’ils sont poètes1Lacan J., Place, origine et fin de mon enseignement. Mon enseignement, Paris, Seuil, 2005, p.60. » car « il n’y a que la poésie qui permette l’interprétation2Lacan J.,L’insu que sait de l’une-bévue s’aile à mourre, Séminaire XXIV, inédit, Leçon du 8 mai 1977.».
En quoi « Le spectre du théâtre » issu du dialogue mené par Philippe Bouret avec Daniel Mesguich, enseigne-t-il la psychanalyse sur la place du désir et de son interprétation? Lacan souligne que, « si nous sommes émus par une pièce de théâtre, ce n’est pas en raison de ce qu’elle représente d’efforts difficiles, ni de ce qu’à son insu un auteur y laisse passer, c’est en raison […] de la place qu’elle nous offre par les dimensions de son développement, pour y loger ce qui est en nous recelé, à savoir notre propre rapport à notre propre désir 3Lacan J.,Le désir et son interprétation, Séminaire Livre VI, Paris, Seuil, p.325.». Quelle distinction subtile pouvons-nous établir entre « la psychanalyse en expansion », expression de Philippe Bouret, qui se déplie dans le dialogue avec les artistes, hors du cabinet de l’analyste, et l’expérience analytique elle-même?
Cet après-midi nous introduira aux Journées de l’ECF qui se tiendront les 18 et 19 novembre prochain sous le titre « Interpréter, scander, ponctuer, couper ».