L’ACF en ECA organise un colloque annuel en présence de Clotilde Leguil, psychanalyste, membre de l’ECF
Argument
« (…) Dire…dire faire des rencontres…Heur, h.e.u.r… c’est comme ça que ça se dit. Vous imaginez sans doute qu’il y a du bonheur ou du malheur. Mais ce n’est pas vrai, il n’y a que des rencontres1Lacan J., « De James Joyce comme symptôme ». Conférence prononcée à Nice le 24 Janvier 1976, Centre Universitaire Méditerranéen, Nice, Inédit. ». C’est avec cette phrase que Lacan commence sa conférence à Nice en 1976. Il parle de sa rencontre à l’hôpital Sainte-Anne, avec la patiente qui constituera le sujet de sa thèse2Lacan J., De la psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité, Paris, coll. Points Essais, Seuil, 1980.. Il l’appellera Aimée. « Ça ne veut pas dire que je l’ai aimée » dit-il mais « Elle croyait qu’elle était aimée ». Il poursuit, « Erreur ou accident ? Je n’ai pu me tirer de son cas qui est publié dans ma thèse, qu’à recourir à Freud. C’est là, la rencontre qui m’a fait glisser dans la pratique freudienne. »
Nous voulons avec le colloque qui s’annonce, aborder la rencontre ; pas celle mauvaise qui est traumatique ; mais celle qui est déterminante, qui fait évènement, celle qui capitonne votre existence ou qui modifie votre trajectoire. Celle qui permet de dire : « Ce sont les hasards qui nous poussent de droite et de gauche et dont nous faisons notre destin.3Lacan J., Le Séminaire, livre XXIII, Le Sinthome, Paris, Seuil, 2005, p. 162.»
Nous nous centrerons sur la rencontre avec un partenaire. Le point de départ de notre question est : Que rencontrons-nous chez le partenaire ? Est-ce une énigme qui chez l’Autre vient résonner avec la nôtre ? Est-ce le regard qu’on croise, l’image de la beauté ? Est-ce les paroles échangées qui paraissent répondre à la question : Qui suis-je pour l’Autre ? À moins qu’il s’agisse de « la rencontre chez le partenaire des symptômes et des affects, de tout ce qui marque chez chacun la trace de son exil du rapport sexuel4Lacan J., Le Séminaire, livre XX, Encore, Paris, Seuil, 1975, p. 132. ».
La rencontre ne connait pas toujours ses motivations. Elle est muette, sans raison mais pas sans réson, inconsciente. Elle est captivante. Il faut parfois une psychanalyse pour en connaitre l’essence.
La rencontre est un heurt qui vient à l’encontre du ronron de notre vie, un crush dit-on aujourd’hui. Introduit-elle du nouveau ou est-elle retrouvaille ?
La rencontre qui fait évènement, nous fait dire : « C’est lui » ou « C’est elle », de façon un peu miraculeuse. C’est la contingence que Lacan décrit par cette formule : « ça cesse de ne pas s’écrire ».
La rencontre peut faire prendre le risque par-delà la relation sexuelle, d’un engagement par l’amour.
Alors, la rencontre…et l’amour ? Notre époque donne cours à un consumérisme de la rencontre et des sites lui sont dédiés. On joue sa partie, on cherche du sensationnel. Quelle chance reste-il à l’amour ?
Christine De Georges, psychanalyste, membre de l’ECF