CPCT-Paris
Visioconférence

« Je ne te le fais pas dire »

Usages de l'interprétation au CPCT-Paris

26 septembre 2023 - 21h00
Infos pratiques
26/09/23 - 21h00
Inscription
Tarifs :

15 euros
Inscriptions : mail.cpct.paris@gmail.com

 

Soirée clinique

Argument

« “Je ne te le fais pas dire. ” N’est-ce pas là le minimum de l’intervention interprétative? 1Lacan J., « L’étourdit », (1972), Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 492.», affirme Lacan dans l’Étourdit, en 1972. Loin de mettre l’accent sur le sens, Lacan fait de l’interprétation un instrument pour que le sujet puisse entendre son propre dire et que résonne l’équivoque. Dans cette formule, pas d’acquiescement de l’analyste, mais un effet de subjectivation – Tu l’as dit. La grammaire situe ici le sujet, représenté par ses signifiants singuliers, sans ajout de significations. L’équivoque laisse apercevoir que, dans son dire, quelque chose se dit qui lui échappe et renvoie à une vérité pas-toute, voire au réel.

Prélever, souligner, ponctuer vise à faire sourdre « ce qui reste oublié derrière ce qui se dit dans ce qui s’entend2Idem, p. 449.». Quand cela arrive, des effets d’étonnement, voire de surprise, peuvent surgir. Il s’agit, pour cela, de ne pas répondre à la demande du sujet en rajoutant du sens, des significations. Être compatissant, compréhensif ou aller dans le sens de celui qui se plaint ne servirait qu’à l’enliser plus dans ce dont il jouit à son insu. A contrario, l’interprétation est un outil dont le patient peut faire usage pour s’extraire de ce qui se présente à lui comme souffrance, répétition ou débranchement.

L’interprétation advient sous la forme de l’allusion contre tout effet de suggestion. Pas de « gros sabots3Lacan J., « Conférences et entretiens dans des universités nord-américaines », Scilicet, n° 6/7, Paris, Seuil/Le champ freudien, 1976, p.32-37.», nous avertit Lacan : « l’interprétation analytique n’est pas faite pour être comprise, mais pour produire des vagues4Idem.».

Parfois, des petites ondes suffisent pour créer un avant et un après pour le sujet. Poser les bonnes questions, celles qu’il n’a jamais entendues ailleurs, est aussi une manière de faire émerger du nouveau – « je ne l’avais jamais vu comme ça », « c’est la première fois que je le dis », etc.

Au CPCT-Paris, l’enjeu de l’interprétation est d’autant plus aigu que le temps y est compté. Risquer une interprétation implique un calcul agile, mais aussi du tact. Dès la consultation, entretien préliminaire au traitement, un pari se fait : est-ce qu’une intervention du consultant peut permettre que le patient s’accroche à son dire, en s’y impliquant ? Consent-il à la discontinuité et à la coupure ?  La réponse à ces interrogations se soldera par un oui ou par un non pour une entrée dans le dispositif. Pendant le traitement, une lecture serrée de chaque cas vise à en saisir la singularité. Une orientation s’en dégage, ouvrant à ce qu’une interprétation puisse advenir lorsque le moment propice se présente.

Lors de la prochaine soirée du 26 septembre, nous interrogerons les usages de l’interprétation dans le cadre du CPCT-Paris. Il ne s’agira pas d’en faire un mode d’emploi, mais d’en extraire un savoir tiré au fil même de la clinique.

Andrea Orabona

  • 1
    Lacan J., « L’étourdit », (1972), Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 492.
  • 2
    Idem, p. 449.
  • 3
    Lacan J., « Conférences et entretiens dans des universités nord-américaines », Scilicet, n° 6/7, Paris, Seuil/Le champ freudien, 1976, p.32-37.
  • 4
    Idem.