L’ACF Belgique organise une conférence avec Caroline Doucet, psychanalyste, membre de l’ECF
Argument
« Le comique est un ami du Réel sans se confondre avec lui1Sokolowsky L., https://www.instagram.com/reel/DOyjk8biFgP/». Comment comprendre cette indication précieuse de Laura Sokolowsky dans son argument sur le vif annonçant les prochaines journées de l’École de la Cause freudienne à Paris, qui se tiendront les 15 et 16 novembre ?
En effet, comique et réel ne semblent pas d’emblée partager beaucoup d’affinités. Une référence de Lacan dans son séminaire VII « L’Éthique de la psychanalyse » pourrait nous mettre sur la voie. Lacan y évoque la satisfaction procurée par la comédie : « ce qui nous satisfait dans la comédie, nous fait rire, […] l’inconscient non excepté, ce n’est pas tant le triomphe de la vie que son échappée, le fait que la vie glisse, se dérobe, fuit, échappe à tout ce qui lui est opposé de barrières, et précisément des plus essentielles, celles qui sont constituées par l’instance du signifiant. Le phallus n’est rien d’autre qu’un signifiant, le signifiant de cette échappée. La vie passe, triomphe toute de même, quoi qu’il arrive2Lacan J., Le Séminaire, livre VII, « L’Éthique de la psychanalyse », texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1986, p. 362.».
Pourrions-nous dire que le comique est un ami du réel en tant qu’il fait monter sur la scène, épinglée par la langue, la jouissance qui échappe toujours du fait du vivant qu’elle transporte ? Ce n’est sans doute pas par hasard que Lacan aborde le comique dans son séminaire sur l’Éthique. En effet, il suffit de s’attarder un instant sur le Witz, ce mot d’esprit relevant de la tuché et coupant l’automaton3Cf. Poblome G., https://www.hebdo-blog.fr/witz-inconscient-reel/ ou encore sur ces formules qui cernent et bordent un point de Réel dans un bien dire pour découvrir la valeur éthique que revêt le comique.
La matinée de rentrée à l’ACF-Belgique sera l’occasion de travailler ces questions à partir du livre de Caroline Doucet « L’éthique du vivant en psychanalyse » paru cet été aux PUV. Elle rappelle que « l’éthique analytique n’a rien à voir avec la libération du désir ou un nouvel hédonisme auquel aspirent nombre de nos contemporains, elle consiste à affronter la jouissance irréductible propre à tout parlêtre, celle qui oriente l’existence du sujet parfois jusqu’au pire et en lui masquant également l’objet de son désir4Doucet C., « L’éthique du vivant en psychanalyse », Presses Universitaires de Vincennes, 2025,
p.140.».
Certains usages du comique ne sont-ils pas précisément une façon pour un sujet « d’affronter la jouissance » qui lui échappe ? En tentant de circonscrire ce point de réel, de vouloir en savoir quelque chose il s’agit de « ne pas céder sur son désir » comme nous l’intime l’éthique en psychanalyse. On pourrait dès lors poser l’hypothèse que le comique est au service de l’éthique et permet ainsi au sujet, en cernant le point de réel qui lui échappe, de trouver « la voie à lui seul propre […], la voie de son escapade5Miller J.-A., « Religion, psychanalyse », La Cause freudienne, n° 55, octobre 2003, p. 27. ».
Rendez-vous donc le 18 octobre pour cette matinée de rentrée où seront partagées les productions d’un cartel constitué pour l’occasion ainsi qu’une conversation avec Caroline Doucet, animée en collaboration avec Marie Claude Lacroix, responsable de la bibliothèque.