
Argument
En 1931, s’appuyant sur les travaux d’Helene Deutsch, Freud souligne l’importance de la phase pré-œdipienne chez la femme. Il reconnaît sa surprise de découvrir que « là où l’on trouve un lien au père particulièrement intense, il y avait auparavant une phase de lien exclusif à la mère, aussi intense et passionné1Freud, S., « Sur la sexualité féminine », in La Vie Sexuelle, Paris, PUF, 1969, p. 139.. Sans pour autant déclarer forfait en la matière, il attribue sa négligence de ce lien au fait qu’il est homme : en effet, les femmes analystes ne seraient-elles pas, du fait de leur sexe, plus aptes à occuper dans le transfert une place de mère susceptible de mettre en évidence ce matériel « blanchi par les ans2Ibid., p. 140. » et par là de percer le mystère du continent noir?
Sans prendre cette hypothèse à la lettre, cet enseignement se propose de revenir sur les apports des femmes analystes de la première génération. Nous reviendrons sur leurs contributions, suivant en cela l’exemple de Lacan qui ne négligea pas de les commenter. Il sera question de Joan Rivière et de La féminité en tant que mascarade, d’Helene Deutsch et son étude des personnalités « as if », et d’Ella Sharpe, à laquelle Lacan reconnaissait « le mérite de ne pas reculer à parler de l’analyse des rêves, alors que certains croient pouvoir s’en détourner3Lacan, J., Le Séminaire, livre vi, Le Désir et son interprétation, texte établi par J.‑A. Miller, Paris, Éditions de La Matinière-Le Champ freudien, 2013, p. 173.« .