Argument
Le mouvement artistique de l’art urbain, notamment par les techniques du graffiti, de la peinture murale ou du trompe l’œil, s’empare de plus en plus des villes et ouvre un autre regard sur les lieux familiers et les objets de l’ordinaire. L’art urbain est un langage vivant qui vient se réapproprier les murs de la ville, il tire parti de son architecture, de ses accidents, s’intéresse aux fissures et aux ratages. La psychanalyse s’intéresse également aux ratages dans le champ du langage, aux «déchets de la vie psychique, déchets du mental que sont le rêve, le lapsus, l’acte manqué et, au-delà, le symptôme1Miller J.-A., «Le salut par les déchets », Mental, n°24, avril 2010,p. 9.» et en constitue son fondement. « Le seul avantage qu’un psychanalyste ait le droit de prendre de sa position […], c’est de se rappeler avec Freud qu’en sa matière, l’artiste toujours le précède2Lacan, J., « Hommage à Marguerite Duras, du ravissement de Lol V. Stein », Autres écrits, Paris, Paris, Seuil, 2001, p 192.» précise Lacan dans son hommage à Marguerite Duras. C’est-à-dire qu’il ne s’agit pas pour le psychanalyste de commenter l’œuvre de l’artiste mais de s’y enseigner. L’artiste produit un savoir et celui-ci anticipe le savoir du psychanalyste. L’artiste « fait passer le déchet au registre de l’esthétique3Miller J.-A., « Le salut par les déchets », op. cit.,p. 10.» et donne sa version singulière de la sublimation.
Nous allons suivre le rivage que dessine l’artiste et découvrir l’interprétation picturale que propose Wen 2 de la cité brestoise, une fenêtre qu’il ouvre sur ses «petits mondes» lorsque nous pouvons considérer avec G. Wajcman que « le monde est un mur, et que peindre c’est d’abord ouvrir une fenêtre4Wajcman G., « Ouvrir », Fenêtre, Chroniques du regard et de l’intime, 2004,Verdier, p.105.».
Nous aurons le plaisir de rencontrer et de converser avec l’artiste brestois Wen 2 et Pierre Sidon, psychanalyste, membre de l’École de la Cause freudienne et de l’Association Mondiale de Psychanalyse.