Étudier Se former > Les blogs des Journées de l'ECF > J47
J47 - Apprendre : désir ou dressage, Sublimations

Un savant nouage

© J. Fournier.
14/11/2017
Dalila Arpin

Ce que l’analyse m’a appris ? Un certain nombre de choses inconnues jusqu’alors dans mon univers : que les actes ont des conséquences, que les illusions sont trompeuses et que si je faisais une thèse sur l’incroyance, c’est que je croyais au Père Noël. Mais c’est notamment dans mon rapport aux apprentissages que j’ai eu un important gain de savoir.

L’école fut pour moi un terrain de jeu privilégié. Apprendre était pour moi l’aîné de mes soucis. Fille d’une mère professeur, j’étais loin de négliger mes leçons. Et dans le but de satisfaire ma mère, je me suis prêtée à d’innombrables exigences. Je répondais en tous points à la demande maternelle et excellait dans mes études. Mais, ce faisant, je dérobais sous ces « devoirs » mon propre désir, subtilisé derrière cet alibi. Certes, satisfaire ces exigences était pour moi une source de satisfaction, mais que désirais-je apprendre dans tout cela ?

Alors que la puberté commence à se manifester dans mon corps de jeune fille, je vais lire en cachette dans la bibliothèque de notre appartement, dans un Manuel de Judaïsme, le chapitre consacré à la féminité. Au moment où je suis sur le point de déceler « les mystères de la sexualité », ma mère fait irruption et arrache le livre de mes mains, en même temps qu’elle me dit : « Tu es un rat de bibliothèque ! ». Oui, c’était bien cela dont il s’agissait pour moi et que je vivais avec de la honte : la jouissance de lire et d’apprendre, qui a orienté ma vie. Avec l’analyse, j’ai pu enfin assumer ce goût qui ne m’a jamais quittée et qui fut à l’origine de la rencontre amoureuse.

La découverte de la psychanalyse, aussi bien dénichée dans la bibliothèque de mes parents, m’a permis de trouver une issue à toutes ses questions que je n’ai jamais cessé de me poser et dont j’ai fait mon métier. L’analyse m’a appris qu’on ne peut que suivre la voie de son désir, que nos lectures et ce que nous en tirons sont l’effet d’un savant nouage entre désir, jouissance et réel. Un subtil tressage qui a ses propres résons.