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J44 - Être mère, Orientation

Sur le Séminaire xvi

Flèche

© J. Fournier. Photo P. Metz.
12/10/2014
Pierre Naveau

« Jouir de la mère est interdit, dit-on, mais ce n’est pas aller assez loin. Ce qui a des conséquences, c’est que le jouir-de-la mère est interdit. Rien ne s’ordonne qu’à partir de cet énoncé premier, comme il se voit bien dans la fable, où jamais le sujet, Œdipe, n’a pensé qu’il jouissait de la mère, Dieu sait à cause de quel divertissement.

J. Lacan1Lacan J., Le Séminaire, livre XVI, D’un Autre à l’autre, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 2006, p. 151.»

 

Quand le jouir-de-la mère se pose un peu là.

Au moment où il couche avec Jocaste, Œdipe ne sait pas que c’est avec sa mère qu’il couche. Est-ce parce qu’au sens du refoulement freudien, il ne veut rien en savoir ? Mais que ne sait-il pas, au juste ? Que c’est interdit ? Qu’il est donc en train de transgresser l’interdit ? Or, Lacan dit bien qu’à ce moment-là, il ne pensait pas que c’était de la mère qu’il jouissait. Il était dans un « Je ne pense pas ». C’est parce qu’il n’y pensait pas que Lacan ajoute : « Dieu sait à cause de quel divertissement ! », faisant ainsi référence au divertissement tel que Pascal en parle dans le fragment 168 de ses Pensées. Le divertissement, dit en effet Pascal, sert à ce que l’homme ne pense pas, en particulier à son humaine condition. Ce qu’on ne sait pas, en tout cas, c’est si Jocaste jouissait et de quelle nature était cette jouissance. Lacan a frappé les esprits quand il a évoqué, par exemple, le désir de la mère d’Hamlet en soulignant qu’elle était avant tout une mère qui voulait jouir. Elle a donné le pas à sa jouissance sur le deuil du défunt père d’Hamlet.

 


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    Lacan J., Le Séminaire, livre XVI, D’un Autre à l’autre, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 2006, p. 151.