La mère est une femme que nous supposons arrivée à la plénitude de ses capacités de voracité féminine, et l’objection qui est faite à la fonction imaginaire du phallus est tout à fait valable. Si la mère est ceci, le phallus n’est pas purement et simplement cela, ce bel objet imaginaire, car il y a déjà quelque temps qu’elle l’a gobé.
J. Lacan1Lacan J., Le Séminaire, livre v, Les formations de l’inconscient, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1998, p. 205-206.
Lorsque j’ai commencé à lire les Séminaires de Lacan il y a quelques années, ce sont les propos sur la mère et la femme qui m’ont passionnée, mais aussi parfois inquiétée. Je relis cette phrase aujourd’hui et je trouve que cette définition de l’essence de la mère est finalement très drôle.
Lacan commence par dire de la mère qu’elle est un certain genre de femme. Puis que c’est une femme qui est arrivée quelque part. Et que ce télos est aussi de l’ordre d’une plénitude. Mais plénitude de quoi ? C’est là que tout se met à chavirer car la mère est « une femme que nous supposons arrivée à la plénitude de ses capacités »… « de voracité féminine ». La chute rétroactivement renverse le sens de la plénitude féminine… Plénitude de ses capacités de voracité féminine, est presque un oxymore, car voracité évoque une faim de loup et plénitude au contraire une satisfaction sereine…
Ce sont peut-être ces deux traits de la mère, la plénitude et la voracité, qui sont comme l’envers et l’endroit de la mère lacanienne.