C’est une longue tradition analytique que de faire de la mère et de l’enfant le repère central. La jouissance originaire n’est pas celle de la mère et de l’enfant, mais celle du père.
J.-A. Miller1Miller J.-A., « L’orientation lacanienne. Clinique lacanienne », enseignement prononcé dans le cadre du département de psychanalyse de l’université Paris 8, cours du 14 avril 1982, inédit.
L’argument de ces 44es Journées ne manque pas de le souligner : « Une mythologie mammaire domine puissamment notre subjectivité. »
Subjectivité des psychanalystes post-freudiens et leur « longue tradition » qui oblitère le tranchant du père. Celui, ici, de Totem et Tabou, père jouisseur, exception au principe de l’universel de la castration qui fait cette jouissance « interdite à qui parle comme tel ». Bref, « tu ne réintégreras pas ton produit ».
En 1967, Lacan s’adresse à la subjectivité de ses propres élèves quand il souligne que « la psychanalyse bâcle avec du folklore un fantasme postiche, celui de l’harmonie logée dans l’habitat maternel ».
Situer la jouissance originaire au lieu maternel bâcle en effet la fenêtre du fantasme en tant que sa structure fait cadre à la réalité.
Loin d’une harmonie, il y a entre la mère et l’enfant un reste inassimilable.
Voilà pourquoi Être mère, titre de ces Journées, s’oriente d’un sous titre : « Fantasmes de maternité en psychanalyse. »