Si l’expérience analytique nous apprend une chose, c’est bien la puissance de la parole. Elle peut blesser, réconforter, faire mal, enthousiasmer… Parfois, elle peut même aller jusqu’à marquer le corps sous les traits d’un symptôme, ou fixer le destin d’un parlêtre. Il nous faut aussi considérer que parler, ou son opposé setaire, procure un plaisir et son au-delà : une jouissance. Prenant appui sur la pulsion orale, Lacan avance que la bouche, « qui s’ouvre dans le registre de la pulsion », ne se satisfait pas de la nourriture, mais du « plaisir de la bouche1». Si nous interrogeons sa valeur à partir du dernier enseignement de Lacan, la parole peut alors se faire objet oral, non pas la parole comme vérité, mais la parole comme jouissance, apparole : « Là où ça parle, ça jouit, et ça sait rien.2»
Lire la suite sur L’Hebdo-blog 387
1. Lacan J., Le Séminaire, livre XI, Les Quatre Concepts fondamentaux de la psychanalyse, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1973, p. 153.
2. Lacan J., Le Séminaire, livre XX, Encore, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1975, p. 95.