L’ACF en Val-de-Loire – Bretagne organise une conférence de Sophie Gayard, psychanalyste, membre de l’ECF
Argument
Qu’est-ce donc que « faire une analyse », selon l’expression communément employée ? La tâche analysante s’avère, dès le début, une entreprise inédite, ne ressemblant à aucune autre. Pourquoi ? On invoque l’association libre, mais voilà qu’en guise de liberté, on se trouve très vite confronté à ce qu’il y a de contraint, d’empêché, dans ses propres dits. On parle de « travail », mais depuis quand faudrait-il à la fois faire le travail et le payer ? Et que veut dire « faire » dans ce cas ? On ajoute « travail sur soi », mais tout à coup le soi se dérobe, on ne sait plus ni où ni qui il est… De quelle drôle de tâche s’agit-il donc ? Ne résonnerait-elle pas avec le « drôle de mot [1] » qu’est l’inconscient ? De cette tâche, on ne peut rien saisir à considérer seulement l’analysant pour la définir. Car pour qu’analyse il y ait, encore faut-il qu’une rencontre se produise, dont s’instituent alors à la fois le psychanalysant et le psychanalyste. Cela ne rend certes pas leur position symétrique mais ils sont alors chacun pris dans un discours nouveau. Cela n’advient pas sans l’acte du psychanalyste, ce pourquoi une analyse est « une tâche dont c’est un acte que d’y engager les autres [2] ». C’est de cette articulation entre la tâche et l’acte que nous essayerons de nous approcher.
[1] Lacan J., « Télévision », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 511. Apostrophe lancée par J.-A. Miller à Lacan : « L’inconscient – drôle de mot ! »
[2] Lacan J., « La psychanalyse. Raison d’un échec », Autres écrits, op. cit., p. 346.