Argument
Depuis la découverte freudienne, l’hystérie occupe une place éminente dans le discours analytique ; c’est d’ailleurs le seul terme issu de la clinique classique pour lequel Lacan proposera un mathème1Cf. Miller J.-A., « L’orientation lacanienne. La clinique lacanienne », enseignement prononcé dans le cadre du département de psychanalyse de l’université Paris 8, cours du 28 avril 1982, inédit.. Si la structure hystérique se laisse isoler comme celle où le sujet se présente sous l’égide de son manque, il est fécond de décliner les versions par lesquelles, paradoxalement, sa castration reste masquée. Qu’il soit homme ou femme, l’identification au semblant phallique et le rapport à l’Autre peuvent revêtir chez l’hystérique différentes guises : la mascarade ou la mise en exergue du rien, la rébellion ou la docilité, la maîtrise ou l’imposture, voire l’expérience du vide…
Concernant la vie amoureuse, Lacan a souligné, dès sa relecture du cas Dora, le passage de l’hystérique par l’identification au désir de l’homme dans son approche de l’Autre femme2Cf. Lacan J., Le Séminaire, livre IV, La Relation d’objet, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1994, p. 141 & sq., mais on peut relever d’autres déclinaisons – « l’indifférence, la frigidité, la jalousie, ou au contraire l’accueil soulagé de l’Autre femme3Miller J.-A., « L’orientation lacanienne. Silet », enseignement prononcé dans le cadre du département de psychanalyse de l’université Paris 8, cours du 5 avril 1995, inédit.« . L’hystérie mettant particulièrement en valeur l’accrochage au désir de l’Autre, nous nous intéresserons aux mutations induites par l’inconsistance des maîtres contemporains et la vacillation des semblants, et nous nous pencherons enfin sur l’hystérisation de tout sujet entrant en analyse, et sur les destins de cette position dans l’expérience analytique.