
L’ACF en Esterel – Côte d’Azur organise son colloque annuel en présence de Carolina KORETZKY psychanalyste, membre de l’ECF
Argument
« Au commencement est l’acte »
C’est en citant Faust, que Freud conclue son Totem et Tabou. 1Freud S., Totem et tabou, Paris, Points, 2015. Il a alors en tête le meurtre du père et l’interdit de l’inceste, dont il fait la clé du lien social. Il est de ceux qui démontrent que la parole fait acte, qu’elle est instituante et qu’il y a des discours fondateurs. Mais ses premiers pas dans la psychanalyse naissante avaient déjà certaines formes d’actes comme référence, les actes symptomatiques : ainsi de ce qu’il appelle alors actes manqués et dont il fait, avec les lapsus, ce qui signale l’existence de l’inconscient. 2Cf. Freud S., Psychopathologie de la vie quotidienne, Petite Bibliothèque Payot, Éditions Payot, 1967. Puis sa clinique le confronte aux acting-out et aux passages à l’acte les plus divers : une gifle incongrue ici, un attentat sexuel là, ou une tentative de suicide où le sujet s’éjecte de la scène. On le questionne sur le rôle de l’inconscient dans les meurtres, les automutilations, les agressions diverses.
Sa pratique et sa recherche théorique l’amènent à élaborer ce qu’il appelle interprétation : quels sont les effets de la parole de l’analyste ? Quand, comment et pourquoi ce que l’analyste peut dire aura des effets dans la vie des analysants ? Qu’est-ce qui peut faire acte, dans une phrase dite, une construction communiquée aux patients ? Lacan reprendra cette question plus tard, avec ce qu’il qualifiera d’acte analytique. 3Cf. Lacan J., Le Séminaire, livre XV, L’Acte psychanalytique, Paris, Éditions du Seuil et le Champ freudien Éditeur, 2024. Un acte fait coupure dans le fil d’une existence ; il change le sujet et marque pour lui une césure entre un avant et un après, en faisant événement, comme pour César la traversée du Rubicon.
Sans doute, pas d’acte sans surprise : le moindre lapsus ou le moindre acte manqué prend de court le sujet qui trébuche et bute sur quelque chose qui échappe à son contrôle et révèle une vérité qu’il voulait méconnaître. On est pris au dépourvu, quand l’inconscient nous trahit – et se trahit – en montrant le bout de son nez. Mais la surprise est aussi celle des conséquences inattendues des actes de l’existence qui malgré tout calcul gardent souvent leur part imprévisible, opaque et énigmatique.
Notre colloque tâchera d’en rendre compte, par la clinique et les débats de notre époque.
Philippe De Georges