
Caroline Doucet, psychanalyste, membre de l’ECF et de l’AMP est l’invitée de cette conversation. Deux membres du Kring voor Psychoanalyse New Lacanian School et deux membres de l’ACF-Belgique présenteront un cas. Les participants recevront les textes en néerlandais et en français à l’avance après inscription et paiement. Les textes ne seront pas lus, mais présentés et discutés.
Argument
par Abe Geldhof
Pas de parlêtre sans traumatisme. Pas de traumatisme sans fixation. Ces deux précisions démarquent la psychanalyse lacanienne des autres approches du traumatisme, comme celles de la psychologie ou de la victimologie. Dire qu’il n’y a pas de parlêtre sans trauma élargit la définition du trauma à tel point que l’on peut même parler d’une clinique généralisée du traumatisme. En plus de la malchance (tegenslag) qu’est le trauma accidentel, il y a aussi l’erreur (misslag) qu’est le trauma structurel. Le traumatisme est une expérience spécifique à l’être humain, car tout être humain est confronté à un manque dans le savoir, que Lacan appelait avec une équivoque le trouma. Son existence est une question traumatisante pour lui-même. Ainsi, ce qui constitue un traumatisme ne peut être déterminé de manière objective et sans ambiguïté en tant qu’événement externe sans sujet.
Dire qu’il n’y a pas de traumatisme sans fixation, c’est dire qu’il y a un sujet à l’œuvre dans le traumatisme qui structure et interprète son expérience. C’est l’éthique de la psychanalyse de ne jamais identifier le sujet au traumatisme, afin qu’il y ait une chance que le sujet s’interroge sur son implication dans le traumatisme pour pouvoir s’en détacher. Là où la psychologie traite de l’effet d’un traumatisme sur l’individu (traumatisme -> individu), la psychanalyse affirme donc qu’il y a un sujet à l’œuvre dans le traumatisme (sujet -> traumatisme). Le sujet peut structurer son expérience avec ou sans fantasme. Une analyse peut ainsi être un lieu de rectification subjective et construire un savoir-faire avec ce à quoi on ne peut jamais échapper.