Dans le cadre du Campus de l’ECF, Ligia Gorini , psychanalyste, membre de l’ECF et de l’AMP, dépliera des concepts psychanalytiques en lien avec le thème de la sémiologie lacanienne.
Argument
La tendance actuelle à la dépathologisation comme réponse à la stigmatisation de la maladie mentale conduit à l’effacement des frontières entre le normal et le pathologique. Dans un temps où les contours de la clinique s’estompent au nom de l’égalité des citoyens, comment s’orienter dans la pratique ? Si les bizarreries sont désormais diluées dans le flot des dites normalités, la souffrance psychique vient rappeler qu’il restera toujours quelque chose d’insoluble, à nul autre pareil.
« À partir de quand est-on fou ?1Lacan J., Le Séminaire, livre XXIII, Le Sinthome, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 2005, p. 77.», se demande Lacan en 1976. Comment distinguer ce qui relève d’une construction délirante d’une folie ordinaire ? Lacan nous enseigne qu’au-delà de ce qui peut s’observer à partir des descriptions nosographiques, avoir le goût du détail permet d’isoler des signes parfois infimes venant marquer l’accent de singularité d’un sujet. En prenant appui sur les textes des présentations de Lacan, nous allons parcourir les reliefs de la clinique dans ce qu’elle a de plus vivant, en nous intéressant aux formes classiques, comme aux formes inhabituelles. Une grande place sera accordée à la sémiologie du langage et de la pensée, ainsi qu’aux altérations de la perception et aux affects. Les références de Lacan à la psychiatrie classique viendront étayer la démarche. Reprendre le distinguo de la clinique – ses incidences pratiques et politiques – sans nostalgie, comme le suggère Jacques-Alain Miller2Cf. Miller J.-A., Intervention de clôture des Grandes Assises virtuelles internationales de l’AMP, 2022, inédit., en tenant compte des « impasses croissantes de notre civilisation3Lacan J., « La psychanalyse. Raison d’un échec », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 349.» ; voilà notre boussole.