
Première date du cycle des Soirées de la passe 2021-2022 autour de la question « Corps et résons« , cette soirée du mardi 5 octobre aborde les « Résonances du trou ».
Intervenantes : Myriam Chérel, Victoria Horne Reinoso, Dominique Jammet et Marie-Claude Sureau.
Extime : Éric Laurent.
Résonances du trou
par Myriam Chérel et Victoria Horne Reinoso
Qu’est-ce que « ce je ne sais quoi qui est venu frapper, résonner sur les parois de la cloche et a fait jouissance, et jouissance à répéter » ? comme le formule J. Lacan1Lacan J., Le Séminaire, livre XVII, L’envers de la psychanalyse, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1991, p. 56.. Si la jouissance s’entérine par l’itération, ce n’est pourtant que « d’un premier hasard, d’une éventualité, d’un accident qu’elle entre en jeu2Ibid. p. 56.». Cette cloche, c’est le corps comme surface d’inscription, comme caisse de résonance de la percussion du signifiant. Surface du sac où se répercute cette première frappe qui ne fait trace qu’à s’inscrire comme trou.
Si du côté de l’inconscient structuré comme un langage, « l’inconscient est ce chapitre de mon histoire qui est marqué par un blanc ou occupé par un mensonge : c’est le chapitre censuré3Lacan J., « Fonction et champ de la parole et du langage », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 259.», à l’heure du parlêtre, « l’inconscient et le corps parlant, sont un seul et même réel4Miller J.-A., « Habeas corpus« , La Cause du désir, n°94, octobre 2016, p. 167.». Ce corps parlant, est alors moins censure ou occultation d’une vérité que lieu d’un impossible à dire car son « mode d’inscription c’est un trou5Laurent É., « L’inconscient et l’évènement de corps », La Cause du désir, n° 91, Paris, Navarin, novembre 2015, p. 25.». Le langage est alors élucubration sur lalangue qui touche au réel ; c’est à partir d’elle « qu’opère l’interprétation6Lacan J., La Troisième, Paris, Navarin, coll. La Divina, 2021, p. 25.», une « interprétation en réson7Laurent É., « L’envers du symptôme hystérique », La Cause du désir, n°44, Paris, Navarin, 2000, p. 88.», faisant résonner l’indicible, « astuce8Lacan J., « L’étourdit », Autres Écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 459.», dit Lacan, pour contrarier la jouissance du symptôme en produisant des remous dans ce que l’inconscient avait ordonné, pour démasquer et défaire une grammaire qui relève de la pulsion.
De leur expérience analytique, les AE tenteront de montrer combien « il faut qu’il y ait quelque chose dans le signifiant qui résonne9Lacan J., Le Séminaire, livre XXIII, Le sinthome, Paris, Seuil, 2005, p. 17.» pour faire écho à l’événement de corps. C’est ainsi qu’à la fin de l’analyse, un sujet aura chance d’approcher ce qui a fait, pour lui, trou, singulièrement. Le symptôme pas-tout pris dans « la machine signifiante10Miller J.-A., « L’inconscient et le sinthome », La Cause freudienne, Paris, Navarin, n°71, 2009, p. 77.», pourra alors trouver une voie afin que la construction sinthomatique traite ce point de rebroussement. « C’est arriver à ça, dit É. Laurent, à se tenir en ce point où enfin quelqu’un peut circuler dans ce qui pour lui a fait retour11Laurent É., « La lettre volée et le vol sur la lettre », La Cause freudienne, n°43, Paris, Navarin, octobre 1999, p. 31-45.».