Dans le cadre du Campus de l’ECF, Yasmine Grasser, psychanalyste, membre de l’ECF et de l’AMP, dépliera des concepts psychanalytiques en lien avec le thème La sexualité infantile, une menace?
Argument
Qu’est devenu l’enfant qui a fait frémir la société viennoise lorsqu’elle a découvert dans les Trois Essais sur la théorie sexuelle de Freud sa réalité d’être pour le sexe ? Cette réalité existe-t-elle au regard de nos sociétés démocratiques moins prudes ? Dans le sillage de 68, les mouvements de libération ont fait évoluer les opinions – des lois ont suivis. Mais sur la question de la sexualité des jeunes enfants aux prises avec la sexualité adulte, les réponses sont sécuritaires : sur la protection de l’enfance, sur les droits de l’enfant-citoyen dès cinq ans.
On a atteint la perspective qu’entrevoyait Michel Foucault en 1978 : « avoir une société de dangers, avec, d’un côté, ceux qui sont mis en danger, et, d’un autre côté, ceux qui sont porteurs de dangers1Foucault M., Dits et Écrits : 1954-1988, t. III, Paris, Gallimard, 1994, p. 766-776. ». La sexualité refoulée de l’enfant se réduit alors à une plainte contre un Autre énigmatique, dangereux, à la place de l’Autre aimant qui écoute les abracadabrantes théories sexuelles de son enfant.
Lacan rappelait en 1975 que ce que Freud appelle sexualité est une manifestation du corps liée à l’acquisition du langage. Le psychanalyste a donc à écouter ces acquisitions de langage intimement mêlées aux premiers apprentissages qui dépendent de ce qu’une mère imagine attendre de son enfant. Nous nous référerons aux cas freudiens, aux témoignages publiés, à la littérature, qui peuvent démontrer l’usage que peut faire un sujet dans sa vie de sa sexualité infantile.