
Dans le cadre des Enseignements ouverts 2021-2022 de l’ECF, Dalila Arpin, psychanalyste membre de l’ECF et de l’AMP, dépliera la question « La séance lacanienne, une séance infinie ».
La séance lacanienne, une séance infinie
par Dalila Arpin
« Restons là-dessus ! » Dans une analyse lacanienne, l’arrêt de la séance peut surprendre l’analysant. Sait-il qu’il s’agit de l’une des inventions les plus révolutionnaires de l’histoire de la psychanalyse ? Si Freud parle de séances de cinquante minutes, il préconise aussi d’adapter l’instrument à la main. Cette durée lui convient mais elle n’est cependant pas une règle. Dans le cas de L’homme aux loups, « Freud […] invite […] l’analyste à se comporter comme l’inconscient lui-même, c’est-à-dire, sans tenir compte du temps1Miller J.-A., « Introduction à l’érotique du temps », La Cause freudienne, n° 56, mars 2004, p. 71.».
Lacan paie le prix de son exclusion de l’IPA lorsqu’il s’attaque, entre autres, à la durée de la séance. Sa conception du temps logique lui permet de scander le sens pour faire apparaître le mode de jouir le plus singulier d’un sujet. C’est par le biais d’une interprétation hors standards, dont l’équivoque signifiante, que se dégage la logique sans pair de chaque analysant.
Dès lors, la séance analytique revisitée par Lacan se démarque des « habitudes techniques […] chatouilleuses2Lacan J., Le Séminaire, livre XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1973, p. 33.» de ses contemporains et épouse le rythme de l’ouverture de l’inconscient : « la fente par où ce quelque chose dont l’aventure dans notre champ semble si courte est un instant amené au jour3Ibid.». À la différence du caractère fini de la séance de cinquante minutes, la séance lacanienne « est un laps de temps avec supplément infini4Miller J.-A.,«Introduction à l’érotique du temps », La Cause freudienne, n° 56, op. cit., p. 76.».