
« Lire dans ce qui se dit suppose une transmutation de la parole pour autant que comme telle la parole est précisément où ne se lit pas ce qu’elle dit.1Miller J.-A., « Le mot qui blesse », La Cause freudienne, n° 72, 2009, p. 134.»
Argument
Le transfert et l’interprétation sont les instruments essentiels qui permettent à l’opération analytique de produire les effets incalculables qu’on y observe à l’occasion. Pas d’écoute sans interprétation, mais pas d’interprétation sans transfert.
En janvier 2011, Jacques-Alain Miller posait la question suivante : « En quoi la parlote peut-elle atteindre au réel ? » Partant du fait que « le réel doit être du même ordre que ce qui a des effets sur lui, il faut nécessairement, par un biais ou un autre, que le réel subsiste de paroles2Miller J.-A.,« L’orientation lacanienne. L’Un tout seul », enseignement prononcé dans le cadre du département de psychanalyse de l’université Paris 8, cours du 26 janvier 2011, inédit.».
Une analyse menée à son terme est l’occasion d’examiner comment « le réel subsiste de paroles ». Si la jouissance de la parole relève de l’être, produit de l’être, il y a pourtant dans la parole quelque chose « qui se meut et s’émeut3Ibid., cours du 9 mars 2011.», un mouvement que l’analyse tente de capter, de saisir dans un instant dont les conséquences peuvent ensuite se mesurer. Il s’agit d’arracher à cette jouissance de la parole une Autre jouissance qui y est inscrite, qui y est celée, et dont il serait possible de rendre compte, à défaut de la dire.
Véronique Pannetier