
Dans le cadre des Enseignements ouverts 2021-2022 de l’ECF, Hervé Castanet, psychanalyste membre de l’ECF et de l’AMP, dépliera la question : « Interprétation / interprétations. »
Interprétation / interprétations
par Hervé Castanet
Une boussole : l’interprétation est un concept dont la définition oriente la conduite de la cure. Pas une cure sans que l’interprétation n’y trouve sa place et ne produise ses effets cliniques, souvent déterminants. Faut-il se contenter de ce singulier : interprétation, comme si sa définition ne variait pas au cours de l’enseignement de Lacan ? Non ! Il y a des définitions qui nous obligent au pluriel : interprétations. Autrement dit, pour se repérer, il faut suivre comment Lacan fait varier ce concept en intension et en extension et savoir en quoi chaque définition est inséparable de ce qui fait enjeu dans son enseignement. Ce qui implique de délimiter les effets cliniques visés.
Comparons son premier séminaire à l’un de ses derniers. Ainsi, en janvier 1954, Lacan, dans sa lecture d’un article d’Annie Reich, indique ce que l’interprétation ne doit pas être : une « projection » d’ego à ego. Un troisième terme : le symbolique, est nécessaire. En 1977, il remarque ce à quoi l’analyste est tenu : « à l’aide de ce qu’on appelle l’écriture poétique, vous pouvez avoir la dimension de ce que pourrait être […] l’interprétation analytique ». La coupure, la cassure qui font interprétation participent de… l’écriture.
Nous proposons en huit séances de dégager huit variations du concept d’interprétation : comment à partir du tiers terme du symbolique, Lacan en arrive, plus de vingt ans plus tard, à l’écriture d’un prélèvement corporel, « là où se coincent les ronds borroméens » (J.-A. Miller) ? Suivons ce parcours à la lettre.