
En présence d’Alice Delarue, Co-directrice des J52, psychanalyste, membre de l’ECF et de l’AMP pour un travail autour de Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse. Et les interventions de Hélène Coppens, Valérie Lorette et Jean-Claude Encalado.
Argument
Par Nadine Page
À l’heure où se répand cet énoncé moïque, « Je suis ce que je dis », qui suppose de s’abstraire des déterminations du discours tissant les significations contemporaines, des équivoques de la langue et, en deçà, de la béance impossible à combler entre le mot et ce qu’il désigne, nous choisissons de reprendre la lecture du texte avec lequel J. Lacan inaugure son enseignement. Il nous y indique en quoi les fonctions de la parole et le champ du langage lui permettent de rendre compte de son intuition première : la division du sujet. À rebours de la tentative actuelle de se passer de l’Autre, et, du même coup, de l’inconscient, trace de cette béance inscrite en chacun du fait du langage, nous reviendrons aux premiers jalons théoriques qui fondent la différence entre le moi et le je, sujet de l’énonciation. Cet écart, Lacan l’illustre notamment relisant Freud et le mot d’esprit : « Nulle part l’intention de l’individu n’est en effet plus manifestement dépassée par la trouvaille du sujet, – nulle part la distinction que nous faisons de l’un à l’autre ne se fait mieux sentir1Lacan J., Écrits, Le Seuil, 1966, p. 271. ». Nous apercevrons également combien l’aliénation à un discours objectivant se faisait déjà entendre à l’époque. Car enfin, cette entreprise, qui consiste à se définir en se passant de l’Autre, en pensant pouvoir décider seul de la signification du mot qui vous désigne, n’est-elle pas la trace d’une tentative de réponse à un Autre qui toujours plus recouvre la division subjective ? Tentative vouée à l’impasse, puisque ne trouvant à s’appuyer que sur sa propre décision.