Enseignements ouverts
Paris

De la forclusion restreinte
à la forclusion généralisée…

E12. 2021-2022 - Jean-Daniel Matet

16 juin 2022 - 21h00
Infos pratiques
16/06/22 - 21h00

8 dates. Les jeudis.
2021 : 18/11, 16/12.
2022 : 20/01, 17/02, 24/03, 21/04, reporté en juin, 19/05, mardi 07/06, 16/06.

École de la Cause freudienne
1 rue Huysmans
75006 Paris
Et en visioconférence.
Inscription
Tarifs :

Sur place en accès libre selon les consignes sanitaires.
Le cycle en visioconférence : 80€.

Dans le cadre des Enseignements ouverts 2021-2022 de l’ECF, Jean-Daniel Matet, psychanalyste membre de l’ECF et de l’AMP, dépliera la question suivante :

De la forclusion restreinte à la forclusion généralisée

Conséquences d’une interprétation lacanienne du texte freudien

par Jean-Daniel Matet

La conception lacanienne des psychoses a bouleversé la clinique psychiatrique.

Ce n’est pas tant l’ambition du jeune psychiatre Lacan de refonder le champ des paranoïas que les conséquences de sa thèse et ce qu’il en découla d’une conception psychodynamique du délire non sans le recours à la structure. Tout d’abord structure de la personnalité puis structure avec un appui sur la fonction de la parole et du langage après le Rapport de Rome. La conception de l’hallucination, dans un dialogue amical et antagoniste avec Henri Ey, a modifié radicalement l’approche des psychoses. Les schémas du texte des Écrits, articulant déjà en 1956 symbolique, imaginaire et réel avec une définition évolutive, orientent jusqu’à l’extrême ses propositions qui rejailliront sur la pratique psychanalytique elle-même, transfert et passe compris.

La fondation de cette orientation tient dans la traduction – interprétation que fit Lacan du terme freudien de Verwerfung, à partir du texte de l’Homme aux loups puis de celui sur les Mémoires d’un névropathe, de D.-P. Schreber. Dans sa version restreinte de forclusion d’un signifiant, celui du Nom-du-père ou celui du Phallus, Lacan a mis en valeur le mécanisme en jeu dans les psychoses. La généralisation de cette forclusion telle que Jacques-Alain Miller l’a relevé dans la fin de l’enseignement de Lacan en fait un concept majeur de la clinique dont la pratique démontre la valeur.

Cette conception des psychoses a fortement retenti sur la pratique psychiatrique, de nombreux psychiatres se réclamant de l’enseignement de Lacan furent ses élèves et/ou ses analysants.

Nous évoquerons nombre d’expériences qui ont eu lieu avec ou sans le soutien de Lacan et qui se sont poursuivies bien après sa disparition.

Si l’accent s’est aujourd’hui déplacé vers d’autres types d’institutions, celles qui en psychiatrie se réclament encore de son enseignement ne sont pas rares bien qu’affrontant un climat scientiste et hostile destructeur pour la discipline.

Mais les ressources de l’enseignement de Lacan, l’apport du cours de J.-A. Miller, nous permettent de relancer une adresse aux praticiens de la psychiatrie afin qu’ils n’oublient pas ce qui devrait centrer leur préoccupation : le fou lui-même. Nulle part ailleurs que dans les institutions qui reçoivent des sujets psychotiques, l’expérience de l’hallucination, de l’automatisme mental, du délire, du corps morcelé et des angoisses insondables, de ce réel insupportable, qui mettent à mal leur vie quotidienne,  n’y est plus sensible et les psychanalystes souhaitent continuer à pouvoir s’y enseigner.

Nous reviendrons aux sources freudiennes de la Verwerfung, de ce qui conduisit Lacan a opté pour cette traduction et ses infinies conséquences