ACF
Bastia

Bonjour la crise !

9 octobre 2021 - 09h00 à 17h00
Infos pratiques
09/10/21 - 09h00 à 17h00
Institut régional d'administration
Amphithéatre
Quai des Martyrs de la Libération
20200 Bastia
Inscription
Tarifs :
  • Participation aux frais :
  • – individuel : 15€.
  • – étudiant : 10€.

 

« Bonjour la crise ! », c’est le thème choisi par l’ACF en Corse pour le colloque organisé toute la journée le 9 octobre à Bastia, avec, pour conclure, une conférence d’Anaëlle Lebovits-Quenehen titrée : « D’une crise appréhendée par quelques-unes de ses conséquences. »

Cette journée sera précédée d’une Soirée de la bibliothèque de l’ACF en Corse, la veille, avec notre invitée, à propos de son ouvrage Actualité de la haine – Une perspective psychanalytique (Navarin éditeur, 2020).

Programme

Matin

Trois séquences déclinent le thème de la crise.

Crise sanitaire et crise psychique. Séquence clinique où il sera question de la recrudescence de tableaux psychiatriques graves, de la hausse exponentielle de pensées ou de passages à l’acte suicidaires chez les jeunes, ainsi que des effets du confinement pour les étudiants.

Crise et sciences. Cette séquence sera l’occasion d’interroger à partir de l’ouvrage de Gérald Bronner, Apocalypse cognitive, le rapport entre vérité et réseaux sociaux. La prolifération de fake news mais aussi la multiplication de discours ségrégatifs allant même jusqu’à prôner une réduction de la liberté !

Crise et question trans. Que peut nous enseigner le phénomène de la « détransition ». En quoi « la question de l’enfant trans doit être élargie à celle du discours woke en général ».

Après-midi

Table ronde : Échos de la crise dans le champ de la psychologie

Il sera question de ce qui nous impacte directement, la crise de la parole, et de l’exercice libre de notre profession. Autour de Jean-Pierre Denis, des psychologues de différentes orientations débattront de l’Arrêté du 10 mars visant à « produire des psychologues experts, exerçant sous la férule de médecins pour les seuls TND (troubles du neuro-développement) » et de la proposition de loi du groupe Les Républicains visant à l’institution d’un ordre des psychologues.

Conférence : D’une crise appréhendée par quelques-unes de ses conséquences.
Par Anaëlle Lebovits-Quenehen, membre de l’ECF et de l’AMP.

Bonjour la crise !

par Amélia Martinez

La crise est depuis plusieurs décennies l’un des signifiants maîtres de notre époque. Un signifiant de l’Autre qui est entré dans la langue commune. Il n’est pas rare d’entendre : « Je suis, il ou elle est en crise », expression utilisée pour traduire la colère ou le désespoir lorsqu’un sujet est confronté à quelque chose qu’il ne peut pas nommer et qui fait coupure, bascule, avec le temps d’avant. Mais si nous avons connu la crise comme un moment, un passage nécessaire entre deux états stables, nous pouvons dire qu’aujourd’hui nous vivons en permanence dans un monde en crise.

Jacques-Alain Miller dans une interview donnée au magazine Marianne en 2008, donne cette définition de la crise : « Bref, il y a crise au sens psychanalytique, quand le discours, les mots, les chiffres, les rites, la routine, tout l’appareil symbolique s’avère soudain impuissant à tempérer un réel qui n’en fait qu’à sa tête. Une crise c’est le réel déchaîné, impossible à maîtriser. » Définition qui résonne pour chacun et chacune tout particulièrement depuis l’apparition de la Covid 19 dans nos vies à l’hiver 2020.

La pandémie mondiale a agi comme un révélateur, mettant en exergue la coexistence de multiples crises qui impactent simultanément le collectif et l’individuel. Sur le plan collectif : crise économique, crise sociale, crise des universités, de l’enseignement, de la culture, crises des comités scientifiques, des médias, et sur le plan individuel, intime : crises conjugales et familiales, du lien social, crises suicidaires, crise d’angoisse, crise psychotique. Le sujet moderne ne peut y échapper et cela n’est pas sans effet sur sa subjectivité.

Ce colloque sera l’occasion de cerner ce réel déchaîné, de ce qui s’y joue pour chaque sujet, à partir des outils de la psychanalyse. Si, comme l’indique J.-A. Miller, « le psychanalyste est ami de la crise », la crise n’est pas pour autant un concept psychanalytique, elle est un moment propice à la demande d’adresse à un analyste. « Le paradoxe des moments de crises, c’est qu’ils sont à la fois des moments d’impasse et des moments décisifs qui permettent à un sujet de se réveiller. »