Dans le cadre du Campus de l’ECF, Laurent Dumoulin, psychanalyste, membre de l’ECF et de l’AMP, dépliera des concepts psychanalytiques en lien avec le thème Aux racines du racisme.
Argument
Lacan ne croyait pas plus que Freud à l’amour du prochain. Prenant au sérieux la haine que l’être parlant voue à son semblable, il ne recula pas à annoncer que du racisme, nous n’avions « pas fini d’en entendre parler1Lacan J., Le Séminaire, livre XIX, …ou pire, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 2011, p. 236.».
Loin d’être liquidée par les avancées de la science, l’idée de race fait son grand retour. Jadis fondée biologiquement, elle est aujourd’hui tenue pour construction sociale. À tendre l’oreille, un néo-lexique fait signe d’un néo-racisme : racisés, grand remplacement, racialisme d’état, souchiens, ateliers en non-mixité raciale, décolonialisme, privilège blanc…
Ce néo-racisme est celui d’après l’ébranlement majeur de l’ordre symbolique. À ce titre il nous convoque : à l’heure où l’Autre n’existe pas, comment interpréter l’intensification et la pluralisation des discours promouvant la haine de l’autre ? Nous proposons ici d’explorer la logique des discours racistes et antiracistes contemporains, ainsi que les approches de ces questions par d’autres disciplines. Nous tenterons de cerner en quoi le discours analytique en propose une lecture singulière. L’expérience d’une analyse démontre qu’idéaux et identifications achoppent sur la jouissance, fixe et opaque. Faisons l’hypothèse que l’existence de ce reste pulsionnel, radical rétif à l’Universel, est aux racines du racisme.