ACF
Nice

Au risque de la folie

Clinique psychanalytique dans les institutions

15 octobre 2022 - 09h00 à 18h00
Infos pratiques
15/10/22 - 09h00 à 18h00
Hôtel Westminster
27 promenade des anglais
06000 Nice
Inscription
Tarifs :

Participation aux frais : 30 € / étudiants : 15€.
Renseignements et inscriptions en cliquant ci-dessous.

Le 15 octobre 2022, l’ACF en ECA organise son colloque annuel autour de la question de la folie. Pour explorer cette question à l’aune de note époque, des cliniciens exposent leurs travaux théoriques et cliniques. Son invitée, Francesca Biagi-Chai, psychanalyste, membre de l’ECF et de l’AMP et auteure de l’ouvrage Traverser les murs, apportera son éclairage par la conférence qu’elle prononcera à l’issue de cette journée.

Arugument

Par Annie Ardisson

L’être de l’homme ne peut se saisir sans référence à sa limite, que Lacan désigne comme « risque de la folie1Lacan J., « Propos sur la causalité psychique », Écrits, Seuil, Paris, 1966, p. 176. ». À l’époque de la dépathologisation généralisée2Cf. Miller J.-A., « Conversation d’actualité avec l’École espagnole du Champ freudien », La Cause du désir, n108, juillet 2021, p. 37., l’idée de normalité est subvertie, mais l’opinion publique évoque toujours la folie devant l’horreur de ce qui semble échapper à tout déterminisme et met à mal le lien social : crime, attentats, guerre.

Au XXe siècle, la psychiatrie a perpétué son penchant descriptif des troubles jusqu’à renoncer à toute logique d’ordonnancement, avec les différentes versions du DSM et la neutralité de l’observation érigée en idéal scientifique. Une passion de nommer qui a contaminé la civilisation où la psychopathologie envahit la vie quotidienne. Aujourd’hui, on est pervers narcissique, orthorexique, atteint de misophonie ou encore de nomophobie. Le diagnostic n’est plus l’apanage de la clinique, dans un monde où la perte de consistance du père et de sa loi a cédé la place à l’invention singulière.

Que devient alors le diagnostic en psychiatrie ? Avec le paradigme des neurosciences, un nouveau pas est franchi, consacrant la valeur du traitement chimique, déjà privilégié au détriment de la prise en compte de la parole. Dans le débat qui l’a opposé à Henry Ey, Lacan déplorait déjà cette direction organiciste qui réduisait la folie à une réalité physique, un déficit ou une lésion. Lacan y objectait le registre de la signification, irréductible à un phénomène physique, et la folie du sens. Il y ajoutera ensuite les repères de la clinique borroméenne, pour une nouvelle lecture clinique autour du réel de l’imaginaire et du symbolique, les trois grands registres du fonctionnement humain.

La clinique psychiatrique a suivi la voie de la science et des valeurs capitalistes : efficacité, traçabilité, décomptes… et délaissé peu à peu toute conception psychologique de l’humain dont la trace dans les recommandations officielles se réduit à une évocation générique sous les termes « d’axe bio-psycho-social ».

L’époque de la dépathologisation de la clinique est aussi celle du démantèlement de la psychiatrie. La liberté du fou3Cf Lacan J., « Petit discours aux psychiatres de Sainte-Anne », 1967, inédit, disponible sur internet. est-elle si insupportable qu’on veuille la faire disparaître de là où on lui donnait asile ?

Notre colloque sera l’occasion d’interroger le malaise dans l’institution psychiatrique, crise conceptuelle mais aussi dévaluation de la parole, qui risque de disparaître des lieux de soins. Si la folie trouve accueil ailleurs : rue, institutions médico-sociales ou même cabinet de l’analyste, il s’agira de montrer comment et pourquoi la psychanalyse lacanienne s’attache à repérer et à soutenir la dimension créative qui accompagne nécessairement cette « liberté », au un par un.


  • 1
    Lacan J., « Propos sur la causalité psychique », Écrits, Seuil, Paris, 1966, p. 176.
  • 2
    Cf. Miller J.-A., « Conversation d’actualité avec l’École espagnole du Champ freudien », La Cause du désir, n108, juillet 2021, p. 37.
  • 3
    Cf Lacan J., « Petit discours aux psychiatres de Sainte-Anne », 1967, inédit, disponible sur internet.